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BLOG LITTERAIRE
27 août 2007

DU POSSIBLE ECHEC DE NICOLAS SARKOZY

DU POSSIBLE ECHEC DE NICOLAS SARKOZY

On le sait, - nous le ressentons tous -, le président Nicolas Sarkozy nourrit de grandes ambitions pour lui-même et, par conséquent, pour la France.

Les débuts de la crise immobilière américaine, la hausse du prix des matières premières alimentaires, un coût élevé du pétrole constituent autant d’éléments qui pourraient, en cette veille de rentrée 2007, constituer de sérieux freins à une réelle relance économique de notre pays.

A cet égard, les récents soubresauts des marchés financiers sont riches d’enseignements.

En effet, si les premières informations concernant la crise dite des « subprimes » (ces prêts à haut risque consentis par de nombreux organismes de crédit américains aux ménages à revenus modestes) furent assez alarmantes pour provoquer mouvements de capitaux et début de panique sur toutes les places financières, il a suffi que la Réserve Fédérale américaine baisse son taux d’escompte (c’est-à-dire le taux d’intérêt des prêts qu’elle consent aux banques) pour que l’ensemble des places boursières reparte immédiatement à la hausse.

Autrement dit, le vrai pouvoir, le pouvoir économique, ce sont bien les Etats-Unis qui l’ont et le monde entier vit donc actuellement à l’heure américaine.

Ceci dit, cette baisse du taux d’escompte fut une surprise pour bon nombre d’analystes et tend à prouver que cette crise immobilière est réellement très grave, tant il est vrai que la Réserve Fédérale semble avoir agi comme s’il était urgent d’éteindre l’incendie avant qu’il se propage, même si pour cela il fallait continuer à prêter de l’argent à ceux qui pourtant étaient en partie responsables de cet incendie.

Suivant la même logique, beaucoup en Europe espèrent que la B.C.E (Banque Centrale Européenne) va prochainement baisser son taux directeur (alors que l’on s’attend plutôt à une hausse) et il ne manque pas d’analystes pour argumenter en faveur d’une baisse des taux d’intérêt.

Ainsi Marc Touati, que l’on voit beaucoup à la télévision ces temps-ci, insiste sur le fait qu’il est nécessaire de préserver les possibilités d’endettement des entreprises aussi bien que des particuliers de manière à endiguer tout risque de baisse durable de la consommation. Autrement dit : Français, si vous ne voulez pas perdre votre boulot, vous avez intérêt à consommer et, au besoin, à vous endetter pour.

Vous me direz : dit comme ça, ça a l’air shadok, mais, après tout, n’est-ce pas ainsi que, depuis des lustres, vivent les Américains, et ça semble plutôt leur réussir, non ?

Certes, mais les Etats-Unis d’Amérique ont une puissance de production et une faculté d’adaptation aux évolutions du marché que nous sommes loin d’avoir. Je crains donc que, en ce qui concerne la France, et même si, en effet, une baisse des taux pourrait - dans un premier temps - soutenir efficacement la croissance, je crains donc qu’à terme, les résultats attendus de notre secteur marchand ne suffisent pas, loin de là, à assurer le nécessaire renouvellement des crédits.

D’un autre côté, la hausse en cours des taux d’intérêt, plus la hausse des prix consécutive aux tensions sur le marché des matières premières alimentaires, plus le prix du baril, plus les tensions internationales (à ce sujet, de quoi va se mêler la France en Irak ? Et pourquoi y aller pour y donner des leçons ? - De toute façon, il y a fort à parier que la reconstruction de l’Irak se fera sans la France, mais avec les Américains, bien sûr, et avec les Chinois casseurs de prix…), bref, un argent plus cher risque en fait de faire échouer le rêve français de Nicolas Sarkozy, lequel très rapidement, si la consommation vient à baisser, risque fort de tourner en rond en faisant les mêmes vœux pieux : travailler plus pour gagner plus, gagner plus pour consommer plus, etc… Oui, mais comment gagner plus dans une économie en perte de vitesse ?

D’autant plus que, crise ou pas, les Chinois, eux, continuent sur leur lancée et risquent fort de nous menacer bientôt sur notre propre terrain, l’Europe. Et pourquoi pas ?

Comment faire pour ne pas échouer ?

De fait, tout le problème se situe au niveau des résultats du secteur marchand français.

Nous avons vu que les Etats-Unis étaient en mesure de vivre en état de surendettement grâce à leur prodigieuse capacité de production. Les Américains spéculent beaucoup, certes, mais il serait faux, - et très naïf -, de croire que leur économie vire au virtuel : les produits existent bel et bien, et les débouchés pour ces produits aussi.

Nous autres, Français, sommes encore une grande puissance : derrière les USA, le Japon, l’Allemagne, la Chine, la Grande-Bretagne, d’accord ! Mais enfin, nous restons au premier rang  (grâce au tourisme, aux produits de luxe, au pinard, à l’armement, entre autres, et ce n’est déjà pas si mal !).

En fait, soyons honnêtes, dans de nombreux domaines, nous marquons le pas et ne sommes sûrs de rien : même pas de notre taux réel de chômage ! C’est tout dire ! Quant aux salaires du privé, nous savons tous qu’ils ne progressent guère, en tout cas pour la majeure partie des salariés, smicards ou juste au-dessus.

Nous sommes donc placés devant une alternative :

-          Soit accepter de devenir une nation juste au-dessus de la moyenne, avec un endettement moyen des ménages, une épargne forte, une fiscalité assez dissuasive pour éviter les aventures monétaires mais qui permettrait de redistribuer une partie de la richesse acquise, un secteur public confirmé dans ses missions et un secteur marchand limité dans ses objectifs mais soutenu, au besoin, par un Etat aussi discret que possible dans ses interventions, - c’est en gros les résultats auxquels on pourrait prétendre avec un projet de type parti socialiste.

-          Soit connaître une réelle relance de notre économie, ce qui signifie coller le plus possible au modèle libéral triomphant et suppose donc : de faibles taux d’intérêt visant à favoriser crédits à la consommation, investissements et restructurations, une hausse conséquente des salaires du privé qui permettrait en effet une réelle relance de la consommation qui ne serait pas basée sur un pur interventionnisme de l’Etat mais sur une réelle capacité de production (une consommation basée sur un nombre croissant de bacheliers et le pouvoir d’achat des fonctionnaires repose en grande partie sur du vent et, en gros, l’Etat en vient à redonner d’une main ce qu’il vient de percevoir dans l’autre !).

Et c’est justement là que Nicolas Sarkozy risque d’échouer.

En effet, l’amélioration des performances du secteur marchand ne peut se faire que si les Français ont intérêt à ce que, en effet, le secteur marchand soit en mesure d’atteindre des objectifs ambitieux.

Ce qui ne peut passer que par une hausse conséquente des salaires du privé.

Ce qui ne peut se faire sans alléger les charges pesant sur les entreprises et professions libérales.

Ce qui ne peut se faire sans restreindre les dépenses publiques et, en premier lieu, sans mettre un frein à cette immense perte de temps et d’argent que fut la politique des fameux « 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac", laquelle politique n’a abouti qu’à ceci :

-          1) Elle a rempli les universités d’étudiants plus ou moins motivés et constitue donc un surcoût payé en fin de compte par l’ensemble des contribuables.

-          2) Elle a contribué à soutenir artificiellement un secteur locatif qui, tôt ou tard, s’effondrera (la crise immobilière américaine n’est pas réglée ; les marchés financiers sont actuellement dans un « état stationnaire ») et, surtout - et c'est le plus choquant -elle a largement, par la hausse constante des loyers et des charges, contribué à la dégradation des conditions de logement des ménages les plus modestes au profit d'une clientèle "étudiante" dont les parents se portaient garants quand ce n'était pas l'Etat lui-même (via "les Oeuvres Universitaires" par exemple).

-          3) Elle est à l’origine d’un état de déqualification des emplois qui, de fait, pénalise les moins diplômés et mécontente les plus diplômés obligés d’occuper des postes en dessous de leurs capacités.

Un tel coup de frein ne peut se concevoir sans limiter le nombre de fonctionnaires et donc restreindre le champ des missions dévolues au service public.

Ce qui entraînera presque fatalement Nicolas Sarkozy à se trouver en situation de conflit ouvert (grèves, campagnes de presse,…) avec les syndicats tout d’abord, avec une masse non négligeable de Français ensuite, bercés dans cette illusion somme toute assez lyrique et généreuse d’une France forte et opulente, dont on écoute partout la voix comme étant celle de la Sagesse des Nations, et où secteur public et secteur privés cohabitent ensemble dans une même égalité de traitements.

Inutile de vous dire qu’une telle France n’a que fort peu existé, - pendant les Trente Glorieuses peut-être, et encore… Sur certains points, ça se discute.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 août 2007

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