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BLOG LITTERAIRE
17 octobre 2007

CRYPTOGRAPHIES

CRYPTOGRAPHIES

« On gribouille, on rit en graffiti, on s’étale en tags (1). Ecrits maudits (2). Etiquettes bêtes. Le quidam en imagine le Grand Livre (3). » (Jean Le Boël, Lectures in En ville (petites proses), Editions Henry, 2004 avec des dessins pas mal du tout dans le genre abstrait élégant d’Isabelle Clément).

(1)    Ce dont il cause, Jean Le Boël, c’est de la ville « à lire » : « La ville est à lire », c’est le début de cette « petite prose ». C’est vrai que tout fait signe, ça nous le savons. Les signes prolifèrent. Selon certaines théories, plus cette prolifération est manifeste, plus c’est « mauvais signe » justement. Signe que quelque chose couve l’œuf des catastrophes. Si je me souviens bien, c’est une théorie défendue par Michel Tournier dans l’un de ses meilleurs romans (Le Roi des Aulnes, disponible en poche chez folio). Ainsi l’inflation dévaluant la monnaie multiplie les billets et donc signale que la machine économique est devenue folle. De même, le nazisme multipliant les signes de sa puissance en annonçait l’effondrement.
Actuellement, notre Président, Nicolas Sarkozy, multiplie les signes de sa volonté de réformes. Qu’il prenne garde, - j’ose ici le conseiller -, que cette avalanche de signes et d’annonces ne finisse par prendre le pas sur la nécessaire réflexion, le travail de fond sur les dossiers.

(2)    « Ecrits maudits » : la littérature murale est par définition « maudite », destinée à être effacée, nettoyée, dissoute. Elle exprime les hauts et les bas de l’angoisse urbaine, le travail de sape des gangs, la présence persistante des autonomes.

(3)    Le « Grand Livre » des urbaines graphies, le recueil des inscriptions provisoires, des anathèmes cryptés. Un roman à plusieurs voix s’y écrit sans doute, intra muros. Un roman entropique dont nul, sauf les scribes, ou les agents des Renseignements Généraux peut-être, ne peut éclaircir l’intrigue à celui que Jean Le Boël appelle « le quidam ».
On suppose cependant des rendez-vous pris dans des heures entre chien et loup, des provocations, des faire-part de morts violentes, d’arrestations imminentes, des affirmations d’appartenance à des groupes, des appels à l’alternative, à l’ombre, à la résistance passive, à la révolte latente qui brûle les voitures et caillasse les fonctionnaires de police.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 17 octobre 2007

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