ENFIN LE VOILA LE BAC PRO EN TROIS ANS !
ENFIN LE VOILA LE BAC PRO EN TROIS ANS !
J'ai appris récemment que le ministre de l'éducation, Xavier Darcos, souhaitait multiplier le nombre de sections Bac Pro (Baccalauréat Professionnel) en trois ans, lesquelles se substitueraient donc aux actuels BEP en deux ans suivis des deux classes de 1ère et de Terminale Bac Pro (quatre ans ! eh oui ! c'est long !)
Enfin ! dis-je en applaudissant de tous mes bras (ils sont beaucoup moins longs que ceux de la plupart des gens qui dissertent de pédagogie, mais ils sont plus teigneux car je vous l'ai déjà dit que j'étais méchant ; d'ailleurs, si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'à demander à ma mère !).
Enfin, ils vont passer à la trappe, les BEP et leurs cortèges d'heures tout justes bonnes à justifier le maintien des postes : Education Civique Juridique et Sociale (ou comment les vilains petits canards sont censés raisonner en citoyens responsables), Projets Pluridisciplinaires à Caractère Professionnel (Qui c'est qui va encore rester le mercredi après-midi au Lycée pour finir ce que les élèves n'ont même pas commencé ?), heures de vie de classe (Ah bon, il vous a dit ça, le prof de français ?) et toutes ces biduleries généralistes, ces référentiels délirants et séquentiels qui, au fil du temps, des années, des ministres et des bouquins à Meirieu (Philippe), entamaient de plus en plus le volume horaire de l'enseignement professionnel proprement dit au profit des professeurs d'enseignement général dont certains commençaient d'ailleurs à se sentir pousser des ailes et à s'y croire un peu dans le genre "correcteur de destins" (poil aux seins) et "dispensateur de culture pour tous" (poil aux j'nousses).
Ceci dit, et puisqu'il y aura maintenant trois ans entre la classe de 3ème et la Terminale Professionnelle, que va-t-on faire de tous ces professeurs que les successifs gouvernements des années 90 ont cru bon d'embaucher par lots entiers ? (Cette politique qui fut surtout mise en oeuvre par la gauche ne lui a d'ailleurs guère servi, comme on le voit actuellement où, à vrai dire, eh bien la gauche, la gauche, mon vieux, elle semble ne même plus se rappeler ni de son nom ni d'où elle vient, la gauche).
Ah ! c'est qu'il y en aura des grincements de dents pour cause de mutation, de reclassement et autres tracasseries administratives (peut-être même des licenciements, si ça se trouve !).
C'est le moment, Monsieur le Ministre, de sortir le porte-monnaie, pour les étrennes, pardi ! Et si c'est pas assez, on vous le fera savoir !
Et puis, que va-t-on faire de tous ces étudiants qui, pour l'heure, manifestent contre l'autonomie de leurs chères universités et qui s'y voient déjà peut-être à "corriger les destins" et promouvoir la sacro-sainte culture pour tous et par tous ? Ils vont en faire une bobine quand ils se rendront compte de la baisse du nombre de postes ouverts aux concours ! (1)
Sûr qu'ils vont aller voir dans le privé si par hasard, les patrons, ils embaucheraient pas. C'est à ce moment-là qu'ils changeront peut-être d'avis sur l'autonomie des facs, les grévistes du savoir.
Bon, en espérant que l'on ne refera pas avec le Bac Pro nouvelle mouture les mêmes erreurs qu'avec le bien trop généraliste BEP, c'est donc une bonne nouvelle pour l'enseignement professionnel que ce Bac Pro-là.
Ceci dit, j'espère que l'on maintiendra aussi les CAP avec toutes leurs spécificités (en particulier les CAP coiffure-esthétique, fleuriste et autres spécialités fort utiles à l'agrément de la société, CAP dits de services où, fort heureusement, les professionnels tiennent encore la barre) car de drôles de choses me sont arrivées aux oreilles. Pour l'instant je n'en dirai rien, faute d'informations assez précises.
Note:
(1) A cet égard, c'est-y-vrai, comme me l'a affirmé un collègue, qu'il y a actuellement dans les universités françaises plus d'étudiants inscrits en psychologie qu'il y a de psychologues dans toute la Communauté Européenne ? Si cela est vrai, eh bien, nous pouvons-nous poser la question de la finalité réelle de tant d'inscriptions (ce serait-y pas pour justifier des crédits dans l'enseignement supérieur, par hasard ?) et nous ajouterons, car nous ne sommes pas très bienveillants, qu'il nous semble avoir ouï souvent à la radio, à la télé, et partout où on donne des infos que les Français étaient champions d'Europe en matière de consommation de tranquillisants et autres pilules à ébahir. Je réïtère donc ma question : sont-ils bien utiles, tous ces aspirants-psychologues ?
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 décembre 2007