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BLOG LITTERAIRE
31 décembre 2007

DU PUR NEANT

DU PUR NEANT (1)

« Je ferai ces vers sur le pur Néant » (Guillaume d’Aquitaine)

Il peut paraître étrange de commencer une anthologie, en l’occurrence celle de Pierre Seghers, Le livre d’or de la poésie française des origines à 1940 (Marabout Université), et donc d’avoir l’ambition de composer ce qui s’apparente tout de même à une somme, en citant d'entame ce poème que l’on doit à Guillaume IX, Duc d’Aquitaine et Comte de Poitiers. En effet, la première strophe de cette Chanson (ici traduite par Pierre Seghers) est on ne peut plus claire sur le projet poétique de l’auteur :

« Je ferai ces vers sur le pur Néant
Et ce ne sera sur moi ni personne,
Non plus sur amour ni sur la jeunesse

                  Ni sur rien d’autre :
Ils me sont venus là tout en dormant

                  Sur mon cheval. »

De nature cavalière, la poésie donc, de nature cavalière et onirique. C’est aussi qu’elle fait fi du temps qui passe, des amours qui passent aussi, et de toute autre chose puisque passe aussi toute autre chose. C’est qu’elle ne se fie qu’à elle-même, la Chanson, et n’a d’autre but, à en lire la dernière strophe, que d’être transmise de lecteur en lecteur, d’un temps à l’autre :

« J’ai fait ces vers et je ne sais sur quoi,
Et les transmettrai ainsi à celui
Qui les transmettra ensuite à autrui,
               Là vers l’Anjou,
Qui les transmettra de son propre chef
               A quelqu’un d’autre. » 

En cela, la poésie relève du patrimoine, de la transmission des savoirs. Sachant qu’elle ne nécessite guère qu’encre et papier, je gage qu’elle sera encore vivante quand auront disparu dans l'oubli des ridicules et la poussière des médiathèques bien des cuistres analogiques, médiatiques, pompeux, pompants et couverts des mérites que flatteurs (les vils) et banquiers (les fourbes) leur attribuent, - sans les lire parfois, ou à peine, en faisant leurs comptes.

(1) Si, à la suite de la lecture de ce billet, quelqu’un ajoute en commentaire : « Du pur Néant : C.Q.F.D. », je le condamne à disserter en quatre pages (avec thèse, antithèse, prothèse et synthèse) sur cette citation que, dit-on, l’on doit à l’auguste Jean-Pierre Raffarin : « L’avenir est une suite de quotidiens ». Que l'on doit à Raffarin si j’en crois le répondeur de la modeste et géniale émission de Daniel Mermet, Ailleurs si j’y suis (sur France Inter, les jours ouvrables entre 15 et 16 heures), laquelle émission étant parfois fort agaçante mais ayant le mérite de soulever des questions propres à décontenancer n’importe quel cadre moyen persuadé de son bon droit à vendre de la daube sous prétexte qu’il a eu l’impudence de se marier et l’effronterie de se reproduire. Oui, je sais, je suis de mauvaise foi mais pas plus que le Crédit Foncier de France, l’organisme de crédit qui se prend pour une banque et qui est en passe de battre des records en matière d’unanimité à ses dépens. 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 décembre 2007

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Commentaires
G
trop génial ce texte, notamment en terme de prémonition: connaît-on beaucoup d'auteurs parlant de rien, capables d'être encore lus avec plaisir mille ans plus tard?
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