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BLOG LITTERAIRE
20 août 2008

SALVE DU 20 AOÛT 2008

SALVE DU 20 AOÛT 2008

« Taiseux suis-je. Discourir est une vanité encore. »
(Michel de Ghelderode, La Balade du Grand Macabre)

Tombe.
Voici bien une terre à boire du sang. Sèche comme momie. A coup sûr, les assassins grimpés dans ses montagnes vont l’abreuver du sang de ceux que l’on envoie promener leur haleine et leurs vingt ans sous son soleil. Lequel ne peut être que de plomb, bien entendu.

Ennui.
L’ennui, quel couteau mou ! A vous dégoûter d’entreprendre quoi que ce soit afin de ne point après s’en ennuyer. D’ailleurs, l’ennuyé devient ennuyeux. Fatal comme la facture, et logique, à en amener le hareng saur à se balancer vertical sous une pluie noire et blanche.

Chevalinement.
« J’exprime chevalinement mon plaisir de te voir heureux. »
(Michel de Ghelderode, La Balade du Grand Macabre)
L’adverbe chevalinement est propice à suggérer le hennissement, le grand hennissement de celui qui rit comme un cheval, ou qui raisonne comme un cheval.
Par ailleurs, il a des sabots. On l’entend venir de loin. A le voir déjà.

Nostalgie.
La musique, en voilà de l’autre temps… De la féerie pour une autre fois… A s’en farcir les oreilles de nostalgie. Qu’elles nous semblent précieuses alors, les rengaines d’il y a vingt ans à la radio ! Même les plus scies, même les tartes… Si en plus il y a de l’image, nous voilà pâmés, confits dans la souvenance… C’est qu’elles nous y renvoient, ces rythmiques passantes, à ces visages perdus, que le temps a brouillés, paumés dans des rues qui n’existent même plus.

Nerfs.
Les nerfs, c’est qu’du tricot à tintouin. On se les passe alors, les nerfs qu’on a, sur quelqu’un. Sur l’autre. C’est pour ça qu’on l’aime.

Allergies.
Je n’ai jamais autant entendu parler qu’aujourd’hui de jeunes gens affligés d’allergies pas possibles, à en ouvrir paniqués la bouche pour avaler de l’air manquant soudain.
C’est que nous vivons des temps antibiotiques, aseptiques, hygiéniques, propres sur eux comme des députés, des temps de pollution invisible et de dragons chimiques insinués dans l’air.
Du coup, nous n’avons plus le droit de fumer dans les bistrots où nous nous boissonnons en bons contribuables.
C’est vrai qu’ça fait beaucoup, la clope, en plus de l’atomique nécessité et de la chimie suffisante.

Subprimes
En cette année 2008 (et ce sera sans doute la même chanson en 2009), les Français ne font plus guère attention aux milliards d’euros perdus par nos banques dans la croquignolesque escroquerie des SICAV pourraves. On s’habitue à  tout. Même à la haute trahison.

Du prince mortifère.
« Du cadavre aux quatre points cardinaux, dedans, dehors, dessus, dessous. »
(Michel de Ghelderode, La Balade du Grand Macabre)
Le Prince qui envoie des jeunes gens se faire tuer à l’autre bout du monde sous prétexte d’y restaurer des démocraties improbables et qui, dans le même temps, refuse à un jeune homme condamné à la mort lente d’une maladie incurable le droit de mourir dans la dignité, n’est qu’un gueux.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 août 2008

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