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BLOG LITTERAIRE
25 août 2008

RUE DES TENEBRES

RUE DES TENEBRES
(En écoutant La Villa Strangiato du groupe Rush, qui date de 1978, sur l'album Hemispheres, et qui commence gentiment par une guitare sèche bien classique d'une nuit rêvée d'Espagne pour vite en arriver à l’improvisation électrique d’un hard rock progressif qui fait plaisir.)


« ça gueule dans la rue noire au bout de laquelle l’eau du fleuve frémit contre
      les berges.
  Ce mégot jeté d’une fenêtre fait une étoile. »
(Robert Desnos, Au bout du monde in Fortunes, Poésie/Gallimard, p.113)

C’est que « ça gueule ». Constat : il y a de l’étant gueulant ; l’étant est bruyant, gueulard ; grande gueule, l’étant, comme un parti pris.
C’est que « ça gueule dans la rue noire » : le monde, traversé de rues noires – on les voit du train, les rues noires ; là-dedans, il y a de tout, l’humanité ordinaire, insupportable quand on y pense, exigeante, consciente, fébrile et douloureuse, et nombreuse de plus en plus, à en promettre des luttes, à en causer des conflits.
C’est que « ça gueule dans la rue noire au bout de laquelle » : passerelle, ce « au bout de laquelle » qui met en relation la narration et la « rue noire » pour arriver à cette « eau du fleuve » qui « frémit contre les berges » : quel étrange paysage, étrange comme une chanson, étrange comme un ailleurs suggéré par quelques accords, étrange, cette rue des ténèbres qui mène au fleuve, cette preuve du temps qui ne revient jamais, de l’apparence du même et de la mutation tout le temps de tout.
Apparence du même en effet :
« Ce mégot jeté d’une fenêtre fait une étoile. »
Voilà qui renvoie à l’ensemble de tous les mégots jetés par la fenêtre et qui sont aussi innombrables que les étoiles qui se fichent bien de nous dans le ciel provisoire que le dieu ironique d’une équation improbable fera quelque jour disparaître d’un claquement de.
Rien n’est aussi sûr que notre disparition.
Le reste, c’est de la politique.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 25 août 2008

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