L'ILLIMITE

L’ILLIMITE

« En lisant le journal les hommes apprennent que les hommes adulent la violence collective sans limites » (Pascal Quignard, Sur le jadis, folio, p.167).

L’homme est l’illimité de l’homme. Les journaux que lit l’homme recueillent les minutes de cet illimité humain. C’est donc par l’actualisation des signes qu’une partie de l’humanité apprend les massacres de la faim, de la guerre et de la maladie, qui ont cours dans une autre partie de l’humanité.

L’horreur ne devient intelligible qu’en devenant l’objet de l’actualisation critique des signes. L’horreur en soi est absurde puisque l’horreur est une contamination de l’absurde au monde. Elle a pourtant ses gestionnaires. Elle vide les signes de toute puissance critique et la remplace par une téléologie de bureaucrate. La synchronie des journaux déplaît souverainement aux gestionnaires de l’horreur qui lui préfèrent la scrupuleuse diachronie des archives. C’est en cela que l’homme est l’illimité de l’homme : il est à la fois synchronie critique et diachronie des dossiers.

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 16 octobre 2008