Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
12 novembre 2008

DES AIRS DU TEMPS

DES AIRS DU TEMPS

« C’est quoi l’air du temps quand le vent est fou ? » (Francois Simon, Ouest-France du 8 et 9 janvier 2000)

Allez, commençons par la mode.
C’est qu’il en fourgue, l’air du temps, des mannequins, êtres fantasmés, squelettes habillés d’un peu de chair parce que sinon, elles ne tiendraient pas, les robes. Rêves d’eunuques, les mannequins de haute couture.
« L’air du temps », ça rend supportable la permanence du vivant, cette catastrophe de la matière. C’est que le corps nu, dépouillé des oripeaux magnifiques, ça rappelle la boue des origines, celle que les chiens mangent dans les phrases de Claude Simon, l’obscénité de la nécessité, vu que nous ne cessons de le travestir, le roi nu, gras, suant, ignoble.
C’est ça qui a pu arriver de pire à l’être sans qualité du ce qui est, c’est le jaillissement du vivant, l’irruption de la diachronie galopante sur le fil du temps, homme fuyant sur un pont dont l’effondrement le talonne.
Nous le disons assez d’ailleurs, que nous « coupons les ponts ».
C’est peut-être bien le cancer de la matière que cette multiplication du vif, que ce peuplement de ce qui est par les consciences jalouses, vampires, travailleuses, besogneuses comme les fourmis ou les esclaves d’un empire.
« L’air du temps » s’estompe sous les grande claques que nous flanque le « vent fou ». Il ne s’efface pas. Les souvenirs de la Grande Dépression de 1929 sont faits de mille choses : les « années folles », les brouettes pleines de marks que l’on pousse dans les rues noires de l’Allemagne et qui servent à payer le pain, la prohibition et son cortège de faces blafardes, le jazz, Hollywood, les marathons de danse où la synchronie du corps livré au rythme se fait caricature, cardiaque hyperbole, diachronie critique jusqu’à la tragédie.
« L’air du temps » est plein de « je me souviens » : bribes, titres, airs de musique, expressions, chansons, images d’une actualité devenue chronologie d'événements historiques, auxquelles on cherche à donner un sens et dont il est toujours assez vain d’espérer en tirer toutes les leçons.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 novembre 2008

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité