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BLOG LITTERAIRE
20 novembre 2008

LES MORTS AUSSI

LES MORTS AUSSI

"Je me dirigeai vers l'arbuste pour me rendre compte, mais, à mon arrivée, il se déplaça rapidement et me fit face." (Agatha Christie, Le Crime du golf, traduction de je sais pas parce que l'un de mes chats a consciencieusement détruit la page de garde de cet exemplaire déjà ancien, - je l'ai acheté à la fin des années 70 -, publié dans la collection "Club des Masques", laquelle nous en mettait alors plein les yeux de leurs couvertures épatamment étranges).

C'est que, dans les deux sphères de métal gris qui lui faisaient ses yeux, à la jeune fille en noir sur le fond vert du gazon où traînaient encore quelques têtes tranchées de la partie de croquet de la veille, je vis ce regard qui, outre le fait qu'elle crachait abondamment des crapauds roussâtres, - d'où j'en conclus qu'elle devait être assez envoûtée -, révélait une peur intense. Le rouge vif de ses lèvres remuait dans la pâleur. De là où j'étais, je ne vis pas à qui elle s'adressait. Je ne pus guère y penser car l'insolite alors requit mon attention. C'était dans la haie, un arbuste brun, incongru donc en ce début d'été où l'on prenait chaque jour des bains de piano (1). Je me dirigeai vers l'arbuste pour me rendre compte, mais, à mon arrivée, il se déplaça rapidement et me fit face. Alors, je ne fus pas sans me reconnaître. Je me tirai la langue et disparus aussi vivement qu'un banquier en faillite dans la campagne anglaise, non sans me retourner sur moi-même en arborant ce sourire ironique que je ne connaissais que trop. Me trouvant seul, j'en conclus que les étrangetés les plus courtes sont aussi les meilleures. Les morts aussi.

(1) C'était un piano aqueux.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 20 novembre 2008

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