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BLOG LITTERAIRE
4 avril 2012

ISABELLE ET LE CAPITAINE (BIJOU FANTAISIE)

ISABELLE ET LE CAPITAINE (BIJOU FANTAISIE)

Isabelle et le Capitaine: (Dessins : Will ; Scénario : Macherot et Delporte, Editions Dupuis).

1.
Même dans les bandes dessinées que la bien-pensance pédagogique destine au public enfantin, on trouve d'intéressants grincements. Ainsi, cette première planche et son évocation d'un "petit port de la côte atlantique" où "la rue des Déportés (ex-rue du Maréchal) grimpe allégrement vers le haut de la ville."

2.
Une mouette qui chante ("et en anglais, encore bien ! [Isabelle]") ; un capitaine qui a un "hoquet magique" (magHIC !) et dont le nom est Fairytale ; une dame en vert (planche 7b) qui fait son marché avec une trogne caricature ; une écossaise sèche qui scrouin-scrouinne de la cornemuse (planche 19a) ; un épatant présent de vérité générale (planche 25b) : "Renverser de la choucroute sur la tête des gens, ce n'est pas digne d'un capitaine de marine [un serveur de restaurant]" et sa restriction : "Mais c'est pour son hoquet magique ! [Isabelle]" ; deux pieds nickelés ; de la choucroute et de la bière : en voilà de la fantaisie comme je l'aime, un brin surréaliste, pas prétentieuse, bien ficelée. L'histoire est courte et passe comme le bonjour de celle qu'on aime.
Pour compléter l'album, les quatorze planches de Isabelle et la petite fée au pair (titre qui fait rêver), sa veuve Cliquot qui tout au long des péripéties ne cessera de se montrer vipérine et indiscrète (et en sera récompensée !), une "demoiselle anglaise" telle que le marketing des seventies la représentait : blonde, bandeau dans les cheveux, robe longue aux motifs gentiment psychédéliques, et beaucoup, beaucoup de fantaisie. Je recommande donc !

3.
"Pour moi, c'est sûr, elle est d'ailleurs" : ça doit être dans une chanson de Pierre Bachelet, ça, cette manie de croire que Christine, Coraline, Caroline, Nathalie, viennent d'ailleurs alors qu'c'est du patelin d'à-côté, et que leur père travaillait chez Bodluc and Co et qu'elles avaient un frère, - comment c'est qui s'appelait donc, çui-là -, ça doit être dans une chanson de Pierre Bachelet, ça, qui s'applique bien à Ambroisie, qui n'est pas plus anglaise qu'un dragon de la colline aux dragons, mais vous arrive tout droit "du pays des fées", même que, faute de citrouille, elle a dû prendre un potiron, la "jeune fée au pair" qui s'extasie devant un interrupteur cependant qu'elle trouve très banal d'allumer les bougies par la simple prononciation de la formule "abricadabroc"(planche 4).

4.
Où l'on apprend qu'au pays des fées, la protection de l'environnement est aussi un problème : "Regarde ces coudriers aux rameaux bien droits... On n'en trouve plus un seul dans mon pays ! Ils ont tous été transformés en baguettes magiques ! [Ambroisie]" (planche 7b). C'est qu'étant lui aussi une manière de transformer le réel, l'enchantement cause ses propres pertes et induit des effets pervers spécifiques.

5.
"Avoir du jus de fantôme dans les veines" : expression qui signifie avoir l'air mélancolique, rêveur, fuyant, indécis, flottant entre deux parallèles. Citation : "Vingt ans après, elle me dit : "Oui, je me souviens de toi ; tu étais brun, tu avais la peau blanche et l'air rêveur de celui qui a du jus de fantôme dans les veines." (Hector Palanque, Quand j'étais ailleurs, p.7).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 avril 2012

 

 

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