MECHANCERIES ET GRONDEMENTS

MECHANCERIES ET GRONDEMENTS

1.
L'humain, du mauvais génie qui passe à l'acte. Du reste, l'histoire des Arts et Lettres le prouve assez souvent que le génie peut-être une condition du désastre. Il n'y a guère que chez les gens ordinaires que l'on trouve de parfaits crétins. Conclusion, le génie est l'imperfection de la crétinerie ordinaire.

2.
Les imbéciles heureux sont toujours très ordinaires. Que le singulier jalouse leur contentement, voilà qui les conforte (en général, ils se mettent alors à vous parler avec condescendance, vous tapotent gentiment l'épaule, et sont persuadés que vous ne rêvez que d'une chose, participer à leurs aimables activités et réjouissances). Que le singulier les méprise, voilà qui nourrit leur dégoût (ils disent alors dans votre dos que vous êtes cynique, et bien trop fragile pour ce monde, que vous devriez être lecteur dans une maison d'édition, ermite lointain, moine bouddhiste, ce qui vous ferait du bien rapport à ce que chacun sait que vous êtes ivrogne plus ou moins). Que le singulier passe sans les voir, voilà qu'ils s'agitent pour attirer son attention. Si vous cédez, ils vous crèvent les yeux.

3.
La médiocrité récompensée m'hypnotise autant qu'une jolie fille qui ne comprend pas en quoi elle peut fasciner.

4.
Les gens que je revois me déçoivent toujours. Ils ne sont pas à la hauteur de mes désillusions.

5.
Je suis jaloux, c'est entendu, jaloux de ce que je ne suis pas et qui me déçoit.

6.
Le temps me donne assez souvent raison. J'aurais dû épouser une montre.

7.
Mon coeur : une bourse vide, et pas de quoi la remplir.

8.
Un luxe : refuser d'avoir des amis pour ne pas savoir ce que les autres pensent de vous.

9.
Je n'apprécie guère que l'on me trouve sympathique : je ne mérite pas une telle méprise.

10.
Ils semblent si fiers d'être tellement englués dans le vertige des moyens que j'en ai presque honte pour moi.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 avril 2012