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BLOG LITTERAIRE
25 avril 2012

N'OUBLIONS PAS QUE JE SUIS CYNIQUE

N'OUBLIONS PAS QUE JE SUIS CYNIQUE

1.
Paraphrasant, détournant même le Kierkegaard du Traité du désespoir, je dirais assez facilement qu'il est réconfortant que nous ayons assez d'imagination pour désespérer du possible.

2.
"Le Christ, évidemment..."
(Kierkegaard, Traité du désespoir, Exorde, traduit par Knud Ferlov et Jean-Jacques Gateau, folio essais n°94, p.55).
Le Christ, on veut nous le faire passer pour un adverbe, l'adverbe évidemment. Mais évidemment, il n'est rien de moins évident que le Christ.

3.
"Et s'il n'arrive pas toujours qu'un homme avec le temps sombre au plus banal désespoir..."
(Kierkegaard, op. cit., p.135)
Que le désespoir puisse être banal ne signifie pas qu'il ne puisse pas être profond. La guerre rappelle que la mort peut être aussi banale qu'une épidémie de grippe. Elle n'en reste pas moins atroce. Fort heureusement, pendant que l'on s'étripe ça et là, nous avons assez d'inconscience pour nous étourdir à n'importe quoi qui passe à la télé, à nous jalouser pour le sourire d'une jolie fille, à aller demander à Dieu qu'il nous fasse gagner au loto.

4.
"Il a conscience d'avoir coupé tous les ponts derrière lui et d'être ainsi inaccessible au bien comme le bien l'est à lui ; au point que, le voulût-il dans un moment de faiblesse, tout retour lui serait impossible."
(Kierkegaard, op. cit. p.215)
C'est en se rendant inaccessible au bien comme le bien l'est à lui que l'humain réalise les plus grandes choses. Nous avons certes besoin de saints, pour l'exemple, le réconfort moral et la bonne conscience, mais nous avons beaucoup plus besoin de marchands d'armes. C'est en perfectionnant sans cesse l'art de trucider ses prochains que l'humain, dans la plupart des sciences, fait des progrès considérables.

Note : la modernité a ceci de bon sans doute qu'elle tend à remplacer la guerre par l'escroquerie. Mais cela, je crois, n'a qu'un temps. Il faut bien que l'espèce se régule. Je ne suis pourtant point si brute et j'espère que la concurrence économique nous évitera définitivement l'éternel retour des conflits armés. Ceci dit, j'ai des doutes. A moins que la science, cette éternelle promesse, permette d'en finir avec la rareté naturelle et que chacun puisse manger à sa faim, car il n'est pas douteux que la source des horreurs guerrières est dans la nécessité qu'ont les humains de se nourrir. C'est l'estomac qui fait les dictateurs.

4.
Un marchand d'armes à l'église est une ironie que je ne crains pas de définir comme diabolique. Il écoute la parole de celui qui n'a pas eu peur de clamer : "Croissez et multipliez" (il devait nous prendre pour des petits pains) et s'il a pour deux sous d'humour noir, il doit se dire alors qu'au vu des affaires du monde, il y a de la marge.

5.
A l'église, il arrive que le marchand d'armes vienne écouter le marchand d'âme. C'est ce qu'on appelle une visite de courtoisie. C'est aussi sans doute la politesse du Diable.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 25 avril 2012

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