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BLOG LITTERAIRE
29 avril 2012

TOUTE LA SAGESSE DU MONDE

TOUTE LA SAGESSE DU MONDE

"Assez de mots, assez de phrases ! ô vie réelle,
 Sans art et sans métaphores, sois à moi."
(Valéry Larbaud, Les Poésies d'A.O. Barnabooth, Musique après une lecture)

1.
"Il me semble que toute la sagesse du monde
 Est dans les yeux de ces bonshommes en cire."
(Valéry Larbaud, Les Poésies de A.O. Barnabooth, Madame Tussaud's)
Voir toute la sagesse du monde dans les yeux de quelques bonshommes en cire, c'est s'illusionner sur les possibilités réelles de nos points de vue et se laisser fasciner par le savoir-faire d'un accessoiriste. Ceci dit, c'est peut-être l'expression d'un grand scepticisme : les gens ont peut-être les yeux aussi bouchés que leurs oreilles.

2.
"Un de ces moments cruels où l'on est bien soi !"
(Valéry Larbaud, Voix des servantes)
Parole de sadique, ou de rêveur réveillé après un si beau rêve, mon Dieu, quel beau rêve j'ai fait là...

3.
"Divinités au seuil de la maison profonde"
(Valéry Larbaud, Voix des servantes)
Comme elles creusent l'ombre dans la clarté des vers, les nasales de la "maison profonde".

4.
"Esquels je distillai mes âmes"
(Valéry Larbaud, A M. Tournier de Zamble)
Il y faut de drôles d'alambiqués alambics sans doute, pour les y distiller, "ses âmes" à sa pomme.

5.
"Région du Ciel, enchaînée"
(Valéry Larbaud, Europe, X)
Pauvre "Région du Ciel", enchaînée, en chemise trouée par les éclairs, collant à la peau, battue de pluie, crachée d'crachin, secouée de vent, en crise d'orage, en proie au haut mal des tempêtes...

6.
"J'écris toujours avec un masque sur le visage"
(Valéry Larbaud, Le Masque)
Pour ne pas être reconnu par ses personnages sans doute. J'imagine assez un auteur de romans policiers ayant soin de ne composer ses énigmes qu'en portant un masque, pour ne pas être reconnu par l'assassin, évidemment. Ou de sa victime. Ou d'un éventuel témoin passant par là derrière le rideau. Evidemment, cela va de soi, il serait publié au Club des vous savez quoi...

7.
"Un être ayant une vie propre"
(Valéry Larbaud, Le Don de soi-même)
Mesdemoiselles, écoutez et prenez en du grain à moudre et un kilo de sucre en poudre, avant de fonder un foyer et de procéder ainsi à l'accroissement des consciences et du nombre de bouches à nourrir, examinez bien votre futur époux et ne le prenez qu'après vous être assuré qu'il a une vie propre. Si vous vous apercevez que le jeune homme a les mains, les ongles, et le curriculum tout taché, alors renvoyez le aux ficelles dont il n'aurait jamais dû s'échapper !

8.
"Borborygmes ! borborygmes !..."
(Valéry Larbaud, Prologue)
Louons le grand Larbaud de s'être ainsi adressé à ceux qui nous sont, parmi nos compagnons, des plus fidèles ! C'est vrai quoi, on leur parle jamais, aux "grognements", grondements de nos entrailles, et pourtant, ils nous parlent eux... Sinon, les Borborygmes, c'est peut-être une tribu de barbares tapeurs comme des sourds, des barbares de Borborygmie là bas quelque part, des polyrythmiques si ça se trouve.

9.
Je me demande si les gamins de Montélimar quand ils jouent au petit train disent Tchouk tchouk Nougat...

10.
Je ne sais pas ce que ça signifie ça : tchouk tchouk nougat. Si ça se trouve, c'est très vulgaire, je devrais me méfier avec ce genre de formules.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 avril 2012

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