Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
30 avril 2012

LE FLÛTIAU BOURRU PEUT-ÊTRE

LE FLÛTIAU BOURRU PEUT-ÊTRE

1.
Il y a une nouvelle de Boris Vian qui a pour titre Blues pour un chat noir. L'association du blues (musique qui exprime sinon le désespoir, en tout cas la scoumoune, le maudit vaudou, le mauvais oeil, le spleen, le mal d'être, l'âme qui s'effiloche) et du chat noir (traditionnellement porte-poisse) va de soi que le titre Black Cat's Blues vous semble une évidence et que vous l'imaginez même ce blues, avec miaulements des cuivres - poussera-t-on l'ironie jusqu'au wah-wah ? - basse ronronnante et soubresauts, piano souple, félin, tendu, détendu et batterie cognant à coeur.

2.
"agriffer" : trouvaille de Boris Vian : mot-valise créé sur agripper et griffer.
"On trouva une ficelle, mais, de toute évidence, le chat ne pouvait pas s'y agriffer."
(Boris Vian, Blues pour un chat noir, Le Livre de Poche n°19310, collection Libretti, p.25)

3.
"... elle est blonde et elle a une bouche mouillée..."
(Boris Vian, Martin m'a téléphoné..., op. cit., p.58)
Juste comme une frite avec un peu trop de vinaigre dessus.

4.
"Alors il prit un grand couteau et se coupa la tête."
(Boris Vian, L'Ecrevisse, op. cit. p.75)
C'est le cas de le dire que, des fois, il arrive qu'on la perde, la tête. Voilà le genre de phrase qui prête à rire autant qu'elle rappelle que le fait d'exister expose au tragique. En cela, Vian est plus important que bien des écrivains réalistes qui font rien qu'à nous prendre pour des éplucheurs d'oignons.

5.
"Le flûtiau bourru peut-être..."
(Boris Vian, L'Ecrevisse, op. cit. p.69)
Y a des fois qu'on a le flûtiau bourru, le violon grognon, le clavecin chagrin, la clarinette aigrelette... ça vous fait une musique d'ours à pas danser dessus, à méditer des crânes et des pas marrances.

6.
Y a des fois, je me sens triste et surréel comme une phrase de Boris Vian ; oh alors, j'en ferais des moulinets avec ma canadienne à en abîmer des vieilles dames encore intactes.
(Boris Vian, Blues pour un chat noir, op. cit. p.21).

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 29 avril 2012

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité