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BLOG LITTERAIRE
1 mai 2012

COMPTE A REBOURS

COMPTE A REBOURS

13.
Je pense parfois à ce collègue que je croisais régulièrement sur un quai de gare, qui s'en revenait après être allé voir son fils que la maladie obligeait à des séjours répétés à l'hôpital. je pense à leur discrétion, à lui et à son épouse. Je crois que peu savaient. Je lui suis reconnaissant de sa confiance.

12.
Ce monde est tellement peu fait pour nous que, sur un coup de tête, un malentendu entre ce qui est et notre propre être, il arrive qu'il finisse par nous quitter.

11.
Avoir besoin d'argent est chose fort répandue. C'est même à ça qu'ça sert, l'argent, à en éprouver le besoin.

10.
Il arrive qu'on ait le coeur si gros que si c'était une patate on pourrait en faire des frites congelées.

9.
Ah nom de moi, je suis triste... je sais bien que la tristesse est une impolitesse ontologique et un manque de savoir-vivre quand on songe à ceux qui ont de vrais soucis... mais que voulez-vous, on se ne refait pas, on se défait.

8.
On me l'a dit il y a longtemps que je suivais une stratégie de l'échec. Je finis toujours par échouer, par m'échouer même, sur quel maudit rivage ? ah bah, ça n'a pas d'importance.

7.
Il n'y a guère que les livres et les soucis domestiques qui ne m'auront pas manqué.

6.
Je ne sais pas si l'on se pardonne d'avoir vu son père pleurer.

5.
A la mort de Serge Gainsbourg, quelqu'un a déclaré - il me semble que c'était Bashung, mais je n'en suis pas si sûr - que l'auteur de L'histoire de Melody Nelson et de L'Homme à tête de chou était l'homme le plus seul qu'il ait jamais rencontré. Cela semble exagéré. Car enfin, il y avait Jane Birkin, ses enfants, Bambou, et des amis, des relations, évidemment !Evidemment... évidemment... et pourtant, on l'imagine assez bien, Gainsbourg, en proie à la solitude, comme si certains êtres ne pouvaient qu'en passer par là, par le sentiment de solitude, par le besoin de se retrouver seul et d'en souffrir.
Bon, si ça se trouve, tout ça, c'est que du story-telling, comme on dit chez les faiseurs, de la légende pour faire vendre. A ce propos, c'est-y-vrai que - j'ai entendu ça sur France Culture, figurez-vous, que Patti Smith a toujours eu la plus grande affection pour la figure de Jeanne D'arc au point de s'en être fait une sorte d'ange gardien, ou bien, c'est que du pipeau, du flûtiau, du flageolet ?

4.
Je ne m'apprécie que modérément : j'ai beaucoup trop de défauts pour cela. Je ne me reconnais qu'une certaine lucidité et un certain talent de scribe. Pour le reste, je suis nul. Je suis tellement habitué à ce ressentiment envers moi-même que j'ai toujours trouvé saugrenu qu'une fille puisse s'intéresser à moi. Du reste, cela ne durait jamais bien longtemps, juste le temps d'un pincement au coeur et la belle allait voir ailleurs. Eh bien, tant mieux, au moins, leur aurai-je évité cet embarras d'avoir à me présenter à leurs amis.

3.
Il est tout de même assez étonnant que, même méprisé, critiqué, ignoré, avec peu de perspectives d'avenir et un souffle qui commence singuliérement à me manquer, je continue à penser à mes échecs sentimentaux. C'est pas étonnant, c'est merveilleux. Je dois être un simple d'esprit.

2.
Certains ne pardonnent pas aux gens qu'ils considéraient jusque là comme d'aimables zozos, assez sympathiques et influençables, avec qui on peut en user avec la condescendance de ceux dont on dit "ce sont des gens bien", certains donc ne pardonnent pas que l'on ait soudain du talent alors qu'eux n'ont que de la méthode.

1.
Compte à rebours : 5 - 4 - 3 - 2 - 1 - moi.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er mai 2012

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