Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
31 juillet 2012

A QUOI PEUT BIEN SERVIR UN MARTEAU

A QUOI PEUT BIEN SERVIR UN MARTEAU ?

1.
A quoi peut bien servir un marteau ? A éprouver les réflexes du lecteur ? A briser les idoles ? A émietter les systèmes ? A tout cela sans doute. Ce qui est le mieux que l'on puisse attendre du martel cogitant, surtout que, pour reprendre un titre fameux dans l'histoire de la culture occidentale, il est terriblement sans maître, ce marteau de la langue qui enfonce les clous du cercueil de la bonne pensée.

2.
L'animal qui tremble devant sa propre mort... Dieu sans doute a créé les animaux pour rappeler à l'humain que le réel était avant tout douleur, souffrance et continuation de la souffrance.

3.
Certains, à l'image de cette pochette d'un album de Pink Floyd, finissent par se rencontrer eux-mêmes, en flammes, grillés, incendiés.

4.
Je ne suis qu'un nom ; je n'ai pas besoin d'être illustré par une photographie. Je n'aime pas que l'on me prenne en photo. Pourquoi imposer mon masque ? Pourquoi étaler ma gueule ? Je pense à cet auteur américain, quasi mondialement connu, et qui s'est éteint il y a quelques années en Suisse. Ses voisins ignoraient qu'il était à ce point célèbre. Ses voisins ignoraient tout de lui. Je trouve ça pour le mieux.

5.
Je me rappelle de l'étonnement d'un de mes professeurs lorsque je lui dis que cela ne m'intéressait absolument pas d'aller voir tel intellectuel fameux s'exprimer en public. En fait, en dehors des urgences politiques et humanitaires, et, bien sûr, les nécessités de l'enseignement (l'université populaire de Michel Onfray est à cet égard un exemple méritoire), je ne vois pas pourquoi les intellectuels éprouvent ce besoin d'aller se montrer. Ils vendent leur salade, c'est tout. Du reste, ce professeur, qui entre temps, a pris du galon, ne manque pas de s'afficher où il peut. Il est loin de se douter que ce qu'il affiche, c'est surtout un très banal besoin de reconnaissance.

6.
"Mon nom est Personne" est un concentré philosophique des plus foudroyants : derrière toutes ces fantasmagories, sirènes, cyclopes, géants de poil, de plume, de feuilles, il n'y a rien ni personne. Derrière toute ruse, tout moyen pour arriver à sa fin, il n'y a rien ni personne. Le nom de l'être est "il n'y a pas de nom". Bien avant Nietzsche, l'Odyssée avait tué les dieux.

7.
L'industrialisation de l'oeuvre d'art, son infinie reproductibilité, a permis l'invasion du réel par toutes les fantasmagories. Les autres dieux sont parmi nous. Ce n'est pas dans le réel que nous vivons, mais dans sa représentation, laquelle est hantée par de plus en plus nombreux spectres, de plus en plus complexes seigneurs et nouvelles créatures. Ce bref lui-même est hanté par des mots que Lovecraft et Jim Morrison lâchèrent dans le monde comme meute de syllabes après gibier de sens.

8.
Les peuples finissent par se prendre eux-mêmes pour proie. C'est tout de même la leçon de l'Histoire. A moins que le génie humain ne finisse par imposer une sorte d'équilibre de la terreur universel : faire le mal aboutissant à l'anéantissement de l'espèce toute entière, les humains ne pourront pas faire autrement que de faire le bien. C'est la théorie de l'impératif catégorique, c'est aussi le credo des écologistes de type cataclysmique. De façon apparemment plus réaliste, le libéral considère que c'est l'infinie production de richesses qui, en mettant fin à la rareté naturelle, chassera le mal des consciences. Qui vivra verra, ou pas.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 31 juillet 2012

 

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité