SOLITAIRE A LONG BÂTON

SOLITAIRE A LONG BÂTON

1.
Examen de conscience : combien, sans le vouloir, de noeuds de corde à pendu ai-je aujourd'hui noués, et combien dénoués ?

2.
Nous ne sommes pas de divines créations, tout juste des trouvailles.

3.
Nous sommes ce que les autres rêvent de nous : des imposteurs.

4.
Le technocrate est souvent quelqu'un de poli, posé, intelligent, réfléchi, qui a l'art d'avoir l'air à l'écoute. Il est aussi idéal qu'un gendre et aussi trompeur qu'un politique.

5.
C'est la nécessité qui fait le solitaire. Se cognant trop souvent aux autres, il finit par se réfugier dans son ombre qu'il voudrait aussi immense que possible.

6.
J'aime bien les écrivains misanthropes : ils nous dispensent des compliments coutumiers et plus ou moins hypocrites.

7.
Lorsqu'un critique insiste beaucoup pour que l'on ne dévoile pas trop l'intrigue d'un roman, je subodore une ingénieuse trouvaille qui m'ôte l'envie d'acheter ce livre merveilleux car qui est assez sot pour dépenser son argent à l'achat d'une simple trouvaille narrative, fût-elle ingénieuse ?

8.
On a tort de critiquer les critiques : ils ont l'art de faire de l'or avec de l'éphémère, du présent de vérité absolue avec de l'anecdotique, de l'incontournable avec du passe-partout. Ils parfument leurs prestations d'un de ces parfums de génie que dissipe aussitôt la lecture de quelques pages du chef d'oeuvre annoncé.

9.
Je n'aime pas les longs romans. Ils m'empêchent d'étudier tout ce que par ailleurs je n'étudie pas.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 16 novembre 2012