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BLOG LITTERAIRE
1 avril 2013

NICHE A CHIEN ECHOS REGRETS

NICHE A CHIEN ECHOS REGRETS
En feuilletant Balades en jazz, d'Alain Gerber, folio senso.

1.
"chez lequel il s'était illustré dans une pièce intitulée Concerto pour niche à chien"
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.72)

Chez space sound, la guitare à Jimi Hendrix, lequel, dit-on, était féru, môme, de science-fiction. A-t-il puisé ses sons étranges, ses électricités triturées, en imaginant, en se jouant dans la tête les sons des vaisseaux spatiaux filant dans le cosmos, puis en les flanquant dans ses solos ? C'est qu'il fut génial, Jimi Hendrix, bref et comète. Il s'était dit quoi, le gars qui écoutait un morceau d'Hendrix pour la première fois ; elle s'était dit quoi la fille ? Wah sans doute... Illustré qu'il s'est, Hendrix, dans l'art de faire sonner bizarre, d'avant-garder sa gratte ; dans une autre dimension, sa guitare, une drôle de jeteuses de sorts... Dans une pièce, Hendrix, sa guitare, sa musique, c'est un fantôme, une revenante... Intitulée Concerto, la pièce, rien que ça, Concerto, en voilà un grand mot, Concerto pour niche, j'imagine flottant dans l'espace, la niche, entre ces yeux lointains qu'on appelle étoiles, niche à stellaire chien aboyant aux basques du diable passant.

Note : Bien qu'il ait fait amplement us age d'un tas de pédales ouah-ouah, ce n'est pas Jimi Hendrix qui a composé Concerto pour niche à chien. je relève ceci dans "Balades en jazz", p.72:
"Ancien contrebassiste de Stan Kenton, chez lequel il s'était illustré dans une pièce intitulée Concerto pour niche à chien, (...), Ramsey...".
Hendrix, à ma connaissance, n'a pas interprété ce morceau, et c'est donc par pure fantaisie que j'associe Hendrix à ce Concerto pour niche à chien, dont d'ailleurs je ne sais rien.

2.
"Quant à la musique, elle ne sort que la nuit, où tous les chats sont gris."
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.60)

Musique, nocturne, noctambule, la diseuse de notes, parmi griffes et souris.

3.
"de l'autre côté du fleuve et sous les arbres du presbytère"
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.38)

Le fleuve, c'est le temps qui sépare, on s'y noie fatalement, à moins que l'on nous retrouve pendus aux arbres du presbytère.

4.
"empiler le tumulte au fond de sa gorge"
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.61)

A force d'avaler des couleuvres, y en a, ça leur tumulte la gorge, ça leur gronde la vocale, ça leur fout du chien, de l'éclair sur la route qui révèle soudain un visage étrange, familier et furieusement pâle.

5.
"l'illusion qui fait sa force"
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.76)

Sans doute l'auteur évoque-t-il ici le réel.

6.
"le regard de Dieu sur le monde qu'il est en train de créer"
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.77)

C'est là la source de la fascination que nous éprouvons pour les grands improvisateurs.

7.
Dans La Fontaine de Jouvence, un épisode de Pirate des Caraïbes, ce constat lucide : "Nos sabliers arrivent à leur fin".

8.
Entendu sur France Culture : "... elle remonta son bras derrière elle...". J'admire que, soudain, le personnage se fasse poupée désarticulée, obligée de se remonter toute seule, sorte d'Olympia rescapée. Je ne sais pas qui a écrit ce bout de phrase, mais il vaut bien le singe que l'Alfred du Bal des Vampires prend pour un signe du zodiaque.

9.
"il y avait des chiens, des échos, des regrets..."
(Alain Gerber, Balades en jazz, p.94)

On dit que le seul signifié de la musique, c'est son signifiant : le son lui-même. C'est faux. Certes, la musique ne renvoie pas au réel, elle renvoie au fantôme du réel. La musique est une invocation "des chiens, des échos, des regrets" qui nous traversent.

10.
Je suis convaincu que sans cesse des fantômes nous traversent. Simplement, nous ne nous en souvenons pas.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 1er avril 2013

 

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