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BLOG LITTERAIRE
25 janvier 2016

VINCERE !

VINCERE !

1.
Tout au long de sa vie refusé d'être sage. Spéculatif furieux, agité du bocal... absolument chronique... purement et simplement refusé tout raisonnable, tout l'embourgeoisement d'une carrière littéraire soigneusement orchestrée (c'est un métier!) qui aurait pu de son vivant, pourvu qu'il fermât sa gamelle politique, et puis un peu plus de souplesse dans ses relations, lui assurer honorabilité et fortune. Misanthrope du type à préférer la compagnie des bêtes à celle des bipèdes, voué l'essentiel de son existence à la fièvre, celle d'une écriture à déchirures, de celle qui refuse les mots ronflants façon trombones et la soumission au transcendantal en vogue – préférant la féerie noire des phrases à cauchemars, la transgression, pis le coup de pied au cul du bien écrire.                            
Je me le dis assez proche du Dom Juan de Molière, l'à-cheval et la main au pommeau de l'épée, qui préfère affronter la divine transcenmachine plutôt que de renoncer à cette terrible, à cette féroce humanité qu'il aime tant.

2.
« Arthur même a presque une tête »
(Tristan Corbière, « Déjeuner de soleil »)

Arthur ou Robert ou Popaul lui
aussi qu'il en a presqu'une de
tête caboche figure son masque
lui a dégringolé le citron lui
a changé la configuration dis.

3.
SCANSION (Attention hein!)
« m'obséder comme le peuvent seuls certains vers.»
(André Breton, « L'amour fou »)

m'obséder  m'obséder  m'obséder
comme les  visages i  peuvent i
le visage  peuvent i  dans ma t
peuvent &  ce visage  m'fascine
seuls les  visages i  peuvent à
certaines  filles ou  alors des
vers vers  vers vers  où où où?

4.
Je n'aime guère ces auteurs qui ressassent leurs poèmes comme on ressasse une leçon de morale, et bien apprise, et sans doute.

5.
« - Entendez-vous gratter les crabes de la nuit... »
(Tristan Corbière, « Paris nocturne »)

« - Entendez-vous qu'ça gratte
gratter les bêtes crabes on en
crabes on en rêve d'ces crabes
de la nuit sur de longs sables
qui passent rangs serrés rouge

6.
« Mon coeur !… Chante encor, va – Ne compte pas. »
(Tristan Corbière, « Heures »)

« Mon coeur !… Chante encor,
va – Ne compte pas. » Et pas
sur les autres surtout et de
toute façon tu n'comptes pas
toute façon t'y prétends pas
hein mon bon toutou poète...

7.
Moi ce que je vois, dans les visages, c'est de la généalogie, de la généalogie d'la forme, du crâne, d'la viande.

8.
« - Allons ! la vie est une fille
Qui m'a pris à son bon plaisir... »
(Tristan Corbière, « Paria »)

- Allons !
La vie est un que voulez-vous
Elle nous prend à son c'est comme ça.

9.
Y a dans certaines musiques
comme une ombre que parfois
l'on entend ou pas mon avis
qu'ça s'peut qu'ça soit lié
à l'état de mes écoutilles.

10.
Si je alors bien sûr je
sauf si évidemment vous
me comprenez sinon tant
pis je ferai comme si.

11.
Si parfois il se disait « Et si je me tuais… bah non, un fantôme, ça n'se tue pas... » et puis qu'il mettait son manteau et partait acheter du pain.

12.
Écoute des nouvelles ce matin : ce siècle est donc religieux, et politique, hélas…

13.
On ne se connaît pas soi-même ; du coup, des fois, on a intérêt à se méfier…

14.
Je n'aime pas la politique. Elle réveille en nous le petit juge, le procureur, l'imbécile du haut de sa fonction.

15.
Les Français qui commettent le pire ne sont plus des Français point barre.

16.
Le fantôme de nous qu'on vit avec, on passe son temps à le fuir, des fois quand même il nous rattrape.

17.
Des fois, j'me console pas de la mort de Satie. Il y a tant d'imbéciles vivants...

18.
Ah ne nous plaignons pas ! Bonaparte nous l'a appris ! Ne pas se plaindre ! Et vaincre ! Vincere !

Patrice Houzeau                                    
Hondeghem, le 24 janvier 2016

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