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BLOG LITTERAIRE
8 mai 2016

SINON VOUS ETES MORT OU BIEN ?

SINON VOUS ETES MORT OU BIEN ?

1.
« Ce lieu me redit mieux les accents de sa voix »
(Corneille, « L'illusion comique », IV, 2 [Isabelle])

Ce lieu si je l'imagine, ce lieu, quelle face d'ailleurs aura-t-il ?

2.
Me dit grand pas chose, ce lieu, j'y ai jamais Quoi qu'il redit ? - Ah il y a de l'écho...

3.
Mieux vaut que jamais sans doute... d'ailleurs je me le souvent pour que ça rentre bien là dans ma dans ma dans ma hein ?

4.
De tant de du reste m'en moque il me reste sa voix elle passe en boucle sa voix en boucle sa voix dans ma tête sinon où voulez-vous ?

5.
« Rentrons pour évoquer des fantômes nouveaux. »
(Corneille, « L'illusion comique », IV, 10 [Alcandre])

Rentrons dit-il (quelle voix caverneuse ! Comme
Pour évoquer les ombres fumeuses)
Oyez oyez j'ai fantômes nouveaux
On ne peut les tâter mais ils sont beaux.

6.
« Rentrons pour évoquer des fantômes nouveaux. » Les anciens sont tout fripés, froissés, et nous en avons sucé tous les secrets.

7.
Rentrons, amis cornichons, rentrons ; retournons au bocal d'où nous nous n'aurions jamais dû sortir (du reste, comment avons-nous fait?)

8.
Pour agiter les corps, il faut d'abord agiter les langues. Parole de dom juan et de politique.

9.
Des fois faut pas trop taquiner l'fantôme et vouloir délier le passé comme on délie les langues ; ça peut finir par vous hanter, par plus vous quitter.

10.
Des fois ça vous colle à l'être comme un chewin-gum des ténèbres jeté par un esprit désinvolte.

11.
Des esprits nous turlupinent, nous tournent les guéridons et l'assoient sur une table planante, le savant, l'esprit fort qui, juché, lévitant, en l'air  quoi, affirme que jamais on ne le fera croire à des choses pareilles.

12.
« Il est vrai que je rêve, et ne saurais résoudre »
(Corneille, « L'illusion comique », II, 2 [Matamore])

Il est vrai que me voilà frais ; je rêve me croyant éveillé et ne saurais résoudre rien ; toute ma sainte logique tombe en poudre.

13.
« Il est vrai que je rêve, et ne saurais résoudre » l'équation de l'être avec la clé des songes.

14.
L'être, je suppose, est ce qui échappe à l'équation qu'en fait j'en sais là-dessus pas plus qu'un poisson, un oignon, un balafon, un balcon.

15.
La liberté est dans la façon dont nous bâtissons nos prisons, dont nous gardons nos moutons, dont nous salons nos chansons.

16.
« Il est vrai que je rêve » dit la voix basse comme un orage calmé. « Il est vrai que je rêve » : sans doute la parole d'un dieu.

17
Vrai quoi donc qu'est vrai en ce monde semblant C'est ce que j'disais l'autre nuit à ma paupière.

18.
« Il est vrai que je rêve » me dis-je dans un éclair de lucidité aussitôt démenti par la puissance du songe.

19.
« D'un péril évité je tombe en un nouveau »
(Corneille, « L'illusion comique », IV, 7 [Clindor])

D'un péril, ma chère Cécile, évité (nous jouons aux dés) moi, je tombe sur un os très féroce en un nouveau et passe pour un veau.

20.
Quand je veux j'ai plus d'cheveux et vais chauve. Alors j'épouvante car je ne suis point chauve qui rit mais le fantôme du merlan.

Frit, ce merlan ; à cause de ses yeux, il a brûlé avec tous ses cheveux dans un incendie criminel allumé par un mari jaloux.

21.
Insolente agaçante énervante c'est donc ainsi vous faites du rififi quoi donc vous justifie dis-je l'autre nuit au fantôme de la tragédienne

22.
« Sinon, vous êtes mort. »
(Corneille, « L'illusion comique », II, 1 [Alcandre])

Sinon, vous êtes mort, n'est-ce pas ? C'est bien ce que je pensais quand je vous vis tout flottant dans l'escalier.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 8 mai 2016.

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