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BLOG LITTERAIRE
29 juin 2016

TARABISCOTURES

TARABISCOTURES

 

1.

« Peu de liens logiques; une préférence marquée pour la juxtaposition. »

(Annie Arnaudiès, « Le Nouveau Roman 2. Les formes », Hatier, 1974, p.59)

 

Y en a i disent qu'i y a peu d'liens logiques, plutôt que ça juxtapose, qu'le réel en est très haché menu, émietté, pinaillé, politisé.

 

2.

Le réel est plein de complots ; l'essence même du réel est de comploter contre lui-même.

 

3.

La machine infernale du complot que le réel ourdit contre lui-même a pour nom « conscience ».

4.

Sans conscience, pas de complot du réel contre lui-même, et pas de réel non plus.

 

5.

« … en arrière, en avant, en avant, en avant et en arrière encore, maintenant mouvement tournant autour de lui... »

(Nathalie Sarraute, « Tropismes », p.22, coll. 10/18)

 

Le réel, quoi…

 

6.

La politique a pour but de resserrer les liens sociaux en nous rendant interdépendants ; elle nous donne donc les bâtons pour qu'on la batte.

 

7.

Il ne faut tout de même pas être grand clerc pour comprendre que la pensée procède du langage et qu'il y a donc bien un génie de la langue.

 

8.

« Sans eux [les mots] rien n'existe, la constatation est banale ; sinon d'informel, d'inintelligible, d'incommunicable. »

(Annie Arnaudiès, « Le Nouveau Roman 2. Les formes », Hatier, 1974, p.54)

 

9.

Pour apprendre le bien-penser, il faut d'abord apprendre le bien-dire. La maîtrise de la langue doit donc être au centre de l'enseignement.

 

10.

Le réel procède de la pensée, laquelle procède du langage. Le réel est une grammaire.

 

11.

Les livres ? - des contrats dénoncés avec le réel.

 

12.

Dans le poème « Bruxelles Grand-Place « La Rose Blanche », Jacques Darras fait litanie des bières que nous ne boirons plus que par hasard fait bien les choses et puis zut.

 

13.

« Abattent leurs stères leurs pages désenlierrent les énigmes des vieux troncs. »

(Jacques Darras, « Balcon en forêt avec de la neige autour »)

 

Je suppose que « désenlierrer les énigmes » est le travail de l'observateur dans les ruines.

 

14.

« Forêt, c'est le lieu des métamorphoses guerrières. »

(Jacques Darras, « Balcon en forêt avec de la neige autour »)

 

Du reste, il y a des laisses et des laisses, bien des chevaliers errants s'y perdirent, ou s'y trouvèrent.

 

15.

« demande de savoir s'organiser, d'aimer la peur, la »

(J.M.G. Le Clézio, « Le Procès-verbal »)

 

la vie ?

 

16.

« Je veux une vengeance et plus haute et plus prompte »

(Corneille, « Médée », v.1241 [Médée])

 

Y en a i disent i veulent une « vengeance plus haute et plus prompte » ; pour ça faut un trône dans le ciel et des éclairs plein les poings.

 

17.

Y en a, plein leur âme qu'ils ont des mouvements que ça leur fait d'la marée dans l'ontologie, flux, reflux, nausée, mal de mer, gerbage.

 

18.

« Mais, lorsque tu cours au philosophe, que trouves-tu ? Un homme qui lit trop, qui pense en myope, et qui est plus triste que toi. »

(Alain, « Propos sur le bonheur », LI « Regarde au loin »)

 

Y en a i courent aux idées comme on court à l'eau fraîche et qui ne trouvent que puits sec, ou alors fontaine à poison.

 

19.

« Elle n'a que fureur et que vengeance en l'âme »

(Corneille, « Médée », v.1103 [Créon])

 

Y en a i n'sont plus que fureur et vengeance qu'ils ne parcourent plus les rues qu'avec un cadavre dans la tête.

 

20.

« Ces petits signes tarabiscotés qui avancent tout seuls, presque tout seuls, qui couvrent le papier blanc »

(J.M.G. Le Clézio)

 

Qu'on soye plein d'petites tarabiscotures on s'en aperçoit vite pis qu'ça s'multiplie qu'on en est tout illisible.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 29 juin 2016.

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