PARALLELES DANS LA TENEBRUME ANNOTÉES PAR L'AUTEUR
PARALLELES DANS LA TENEBRUME ANNOTÉES PAR L'AUTEUR
1.
Dans les nouvelles de Jean Ray y a
des marins souvent je trouve qu'on
y lit des noms de port par exemple
Il me semble qu'on trouve beaucoup de marins dans les histoires de Jean Ray comme s'il y avait un fantôme dans chaque port.
Hambourg (« La Ruelle ténébreuse »
que ça me fait penser à ténébrumes
que je viens d'inventer en passant
Ça m'amuse ça ce mot-valise là « ténébrume » ; ça me rappelle le film « Fog », de John Carpenter, et de son passé rev'nant.
en passant c'est-à-dire en pensant
oh je n'fais que passer et passant
il m'arrive de m'dire que je pense
Là je m'imbue quelque peu que j'en ai plein les yeux que j'vas finir par me cogner quelque part.
à l'adjectif ténébreuse qu'ça fait
penser qu'elle doit être la ruelle
brumeuse & cracheuse de fantômes &
J'aime bien l'idée des rues et ruelles cracheuses de fantômes, c'est que parfois on y rencontre son passé.
à lueurs étranges souvent ou alors
elle est toute simple claire nette
hors du temps survivant à sa carte
Parfois le fantastique se passe très bien de gothique décorum et manifeste la présence dans des lieux aussi familiers qu'une rue commerçante.
postale mais y pénétrant c'est une
autre dimension alors vous v'là en
ailleurs absolu je l'ai lue y a un
S'il y a une autre dimension, le fantastique nous dit souvent qu'elle est ailleurs absolu, et si nous y étions sans nous en rendre compte.
bail cette histoire je ne suis pas
sûr qu'on y trouve de la quatrième
dimension ou je n'sais quelle mais
Je ne sais pas où j'ai lu/entendu que l'on pouvait faire l'hypothèse de n dimensions au réel ou chaipas là où nous cogipataugeons : curieux, n'est-il pas ?
ça ne m'étonnerait pas y a souvent
de l'autre dimension chez Jean Ray
je me souviens qu'ça cause quelque
Jean Ray, dont j'ai lu quelque part qu'il n'avait peut-être jamais quitté la Belgique, il avait d'l'ailleurs plein la caboche, c't'homme-là.
part dans le dédale d'ses légendes
à Jean Ray d'une étrange figure du
nom de Tessaract qu'il dit qu'elle
Jean Ray l'appelle Tessaract. Sur Wikipedia, on trouve aussi Tesseract défini comme « l'analogue quadridimensionnel du cube ».
C'est pas ça qu'on entend, la chanson là dans le film d'Hitchcock là « L'Homme qui en savait trop » : « Tesseract seract » ?
donne accès géométrie d'l'ailleurs
à d'étranges demeures ou aussi à à
à va savoir toi j'me souviens plus
Parfois j'ouvre la bouche et je fais « à... à... à...» ; pendant ce temps-là, le temps passe.
2.
« Mais, ni Sanders ni les autres n'étaient initiés aux mystères du vieux livre rouge et le Grand Nocturne ne se souciait pas d'eux. »
(Jean Ray, « Le Grand Nocturne »)
Dans les nouvelles de Jean Ray les
disparus ne l'sont pas tout à fait
ils sont pas toujours dans le bloc
d'ombre où nous glisserons tous et
Je trouve qu'il y a beaucoup de disparitions dans les histoires de Jean Ray. Il escamote, puis il agite d'autres mondes, des parallèles même.
où l'on nous oubliera ils sont des
fois « hors du temps » comidi Jean
Ray Dans « Le Grand Nocturne » ils
sont même aussi « hors du temps du
Ce « hors du temps » me rappelle les illusions du temps arrêté chez Baudelaire et du temps retrouvé chez Proust.
bon commissaire » que je suis hors
de votre compréhension & vous d'la
mienne car nous nous énigmons l'un
l'autre plus nous nous connaissons
Pour un sot, le monde est tout simplement aussi sot que lui.
plus nous devenons sphinx qu'on se
comprend pas & nous dévorons c'mot
là ironique oui « commissaire » un
commissaire c'est rationnel y a de
Ceci dit, on évoque parfois l'étrange gendarme Emile Tizané qui aurait très longtemps enquêté sur les maisons troublées par les poltergeists.
mystère pour lui qu'humain et dans
la folie basculerait l'enquêteur à
comprendre que le disparu Théodule
Notte il s'appelle dans le texte à
Les histoires fantastiques n'intéressent vraiment que si elles sont soigneusement, rationnellement, logiquement développées.
Jean Ray « en même temps que lui »
qu'il circulait fumant sa pipe pas
loin du tout du bureau de police &
«tournait en même temps que lui le
De toute façon, on peut pas le savoir si nous traversons la rue en même temps qu'un fantôme, quand bien même serait-il le nôtre.
coin de la rue du Roitelet pour »
et ça évidemment c'est fait exprès
« regagner la taverne de l'Alpha »
comme si tout point commençait une
L'alpha, première lettre de l'alphabet grec, me rappelle l'Aleph, ce point d'où, selon Borges, tous les matins du monde seraient visibles.
infinité d'autres points finissant
aussi une infinité d'autres points
dont il est aboutissement la fin &
tout incessant commencement oui le
L'univers, cet infini de points infiniment reliés entre eux de telle sorte que l'univers me semble une infinité d'origines.
commissaire deviendrait maboule si
soudain il se rendait compte qu'il
coïncidait avec quelque disparu et
qu'l'invisible le frôlait disparus
Nous vivons avec des disparus ; parfois, ils nous hantent ; parfois non, mais ils nous restent.
pourtant & c'est comme si Jean Ray
jouait avec l'humaine illusion que
ça ne s'arrête pas là et qu'il y a
forcément autre chose que les âmes
Une consolation, le fantastique, celui d'une vie tout de même après ? Ou un repoussoir, un « mieux vaut le néant » que ce « ça » menaçant.
ne peuvent se dissoudre dans l'air
qu'elles vivent une autre vie dans
l'ailleurs une vie d'après une vie
comme on peut pas la penser & même
peut-être voyez une vie parallèle.
Le problème, c'est que les univers parallèles, s'ils existent, doivent pas être trop synchronisés avec le nôtre. Les fantômes connaissent-ils l'heure d'été ? A mon avis, doit y avoir d'l'embrouillamini dans l'aperçu, du pas synchrone dans l'interférence.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 mars 2017