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BLOG LITTERAIRE
28 mars 2006

NOTES SUR "LE GRAND CHARLES"

NOTES SUR LE GRAND CHARLES

Ce lundi 27 mars 2006, alors que Dominique de Villepin a réussi à lui tout seul, - c'est tout de même puissant, la technocratie ! -, à mettre les Français dans la rue, France 2, - le service public en matière de création audio-visuelle a du bon -, diffuse la première partie d'un téléfilm consacré à un homme d'une autre qualité.

Psychologie des grands hommes : Charles de Gaulle, le Commandeur, le Providentiel, le Politique respecté.
On résiste difficilement au charme de la légende.
Dans ce téléfilm de Bernard Stora, le Grand Charles est interprété par Bernard Farcy.
Le téléfilm commence par un départ, celui de 1969. Les Français ont voté non et le Général est parti.
Madame de Gaulle est interprétée par Danièle Lebrun.

Irlande : De Gaulle est avec Yvonne. "Comment ai-je pu accepter de passer ma vie avec un homme qui parlait de lui à la troisième personne ?"
- "Le plus dur est fait." aurait-il répondu, le grand homme qui partagea sa vie entre palais et exil.

Les mots de De Gaulle. Les images qui résument ; une parmi tant d'autres : La Libération de Paris. Le Général de Gaulle, cigarette aux lèvres, acclamé par la foule.

De Gaulle et la Résistance : une alliance puis une défiance. Il faut bien rendre son administration à la France et utiliser les compétences des gens même s'ils ont servi Pétain. C'est ainsi que Papon fut confirmé dans son rôle de flic préfectoral.
C'est ainsi que les résistants furent désarmés et, pour beaucoup, renvoyés à leurs occupations civiles.

"Il n'y a qu'un seul révolutionnaire en France, c'est moi."
Et les femmes eurent le droit de vote.

De Gaulle, après la guerre, refuse des ministères au parti communiste, - souvenez-vous, vous qui me lisez, que le Parti Communiste Français fut si longtemps une arme au service de l'URSS -, puis il envoie balader les socialistes qui veulent subordonner leur alliance au gaullisme à des garanties politiques et entendent, en bons professionnels de la république, poser leurs conditions au Général.

1946 : De Gaulle se retire après le rétablissement de la démocratie.
Il dénonce alors "la politique des partis", cette fameuse "politique des partis" qui sera, malgré elle, à l'origine du retour du Général. Ce sera en 1958, sous la IVème République. Cela en partie s'appelle l'opération "Résurrection" et l'Armée y joua un grand rôle.

Anne, l'enfant handicapé, a 18 ans en 1946. De Gaulle est à Marly-le-Roi, non loin de Paris et entame sa "traversée du désert". Il semble amer.

Claude Mauriac, interprété par Denis Podalydès, travaille pour lui.

La mémoire n'est pas un cours d'histoire.
Elle file un étrange kaléisdoscope où noms et figures se mêlent.

10 mai 1940 : Le Colonel De Gaulle est à la tête de la Quatrième Division Cuirassée, des blindés, son arme de prédilection puisqu'il a lu Guderian, puisqu'il sait que les divisions blindées sont l'arme du temps, de la vitesse, de la mobilité et de l'effet de surprise. C'est le moment d'engueuler le commandant d'unité qui a cru bon de mettre les chars à l'abri. Il faut se battre ; De Gaulle va se battre qui va reprendre Montcornet aux Allemands et faire 130 prisonniers.
Combat de retardement ou contre-offensive ? Mais l'essentiel pour lui n'est-il pas de se battre ?

Près du Président du Conseil, Paul Reynaud : le 5 juin 1940, il est au Secrétariat d'Etat, à cette "Défense Nationale" qu'il revendique ; il sait que la situation est critique : Weygand, le nouveau Commandant en Chef, a 73 ans et "aucune expérience de commandement sur le terrain". Il succède à "l'incompétent" Gamelin.
Cela, c'est le point de vue de De Gaulle. Le téléfilm oscille sans cesse entre ce point de vue interne (les paroles rapportées du Grand Charles) et la voix off d'un narrateur qui présente, rappelle, commente.

Un téléfilm n'est pas un cours d'histoire.
Elle présente les noms et les figures d'une illusion que l'on appelle le passé.

Exode : les routes sont pleines de Français qui fuient l'avance irrésistible de l'armée allemande. Ne disait-on pas que les Allemands allaient massacrer les populations civiles, empoisonner les enfants, violer femmes et filles ?

Il faut négocier avec Churchill : Est-ce que les Anglais aideront la France en guerre ?
Churchill, devant les hésitations de Reynaud, comprend très vite que la France va signer l'armistice.
Ce qui préoccupe le Premier Ministre anglais, c'est le problème de la si puissante flotte française, - peut-être alors la flotte la plus puissante du monde -, et qui, en cas d'armistice, deviendrait sans doute une machine de guerre redoutable au service de l'Allemagne nazie et donc menacerait directement l'Angleterre.

La majeure partie de cette flotte si puissante sera en fin de compte coulée le 3 juillet 1940 par les navires anglais dans une attaque de la rade de Mers el-Kébir (Algérie) .

De Gaulle est envoyé à Londres pour négocier avec les Anglais une poursuite de la guerre à partir d'Alger, alors territoire français.
Y aura-t-il, comme le propose Jean Monnet, une "union de la France et de l'Angleterre" ?
De Gaulle n'y croit pas d'abord ; pourtant, Churchill consent à une telle union, une seule nation opposée à l'Allemagne, une nation franco-britannique.

Paul Reynaud contacté par téléphone accepte.
16 juin 1940 : De Gaulle revient en France avec le projet d'union pour apprendre la démission de Reynaud. Le Maréchal Pétain est sollicité pour former un nouveau gouvernement.

De Gaulle sait que Pétain va signer l'armistice et décide donc de rejoindre Londres et ainsi de se rebeller. Il sait que la "Bataille de France" est perdue et, le 18 juin, il lance à la BBC son appel aux Français, cet appel qui sera à l'origine de la constitution de la France libre.

11 novembre 1946 : De Gaulle, général en retraite, préside à Colombey-les-Deux-Eglises, en Haute-Marne, une simple commémoration : le voilà, l'homme du 18 juin, un simple citoyen.

La IVème République est mise à flot, galère à palabres.
De Gaulle est à Colombey, dans la demeure familiale de La Boiserie. Il critique la IVème République et sait que certains de ses hommes clefs, comme Georges Bidault, le détestent. Une fois encore, comme en 40, il déplore la "bassesse", la "lâcheté" des hommes de parti.

Y aura-t-il un nouveau 18 juin ?
En tout cas, malgré sa défiance des partis, De Gaulle décide de fonder un parti, son parti : le RPF (le Rassemblement Pour la France).
Yvonne semble craindre cette intrusion de la politique dans leur vie.

1947 : De Gaulle entre en campagne et prononce des discours. Il attaque la IVème République, et se fait donc mal voir du pouvoir en place, le président Vincent Auriol et Paul Ramadier, le Président du Conseil, qui verraient bien De Gaulle en héros national en tournée plutôt qu'en tribun.
(Jeanne d'Arc, me semble-t-il, tint quelques temps, sur les ordres de Charles VII, à peu près le même rôle.)
On veut faire taire De Gaulle. On le sait populaire ; on le dit ambitieux.

Le héros national à Strasbourg a droit aux fastes de la République mais c'est en simple citoyen qu'il doit s'adresser à ses futurs électeurs.

On dit qu'après la Première Guerre Mondiale, en Pologne, une bohémienne avait prédit à Charles qu'il arriverait "aux plus hautes fonctions" mais qu'il serait "arrêté et pendu".
Cette prédiction hante Yvonne tandis que De Gaulle sillonne la France en tous sens, ne manquant jamais une occasion de faire un discours et de recueillir des adhésions, dormant chez les sympathisants, pique-niquant avec Jacques Baumel, Yvonne tricotant.
Le RPF d'octobre 1947 gagne un bon nombre d'élections municipales.

Anne De Gaulle, "l'enfant chérie", disparaît à l'âge de 20 ans.
Dans le téléfilm, c'est la première fois qu'il semble avoir du chagrin, le Grand Charles.

Il cesse de fumer. Claude Mauriac le voit souvent.
De Gaulle a peut-être cru qu'après les victoires municipales du RPF, on lui proposerait de revenir aux affaires, ce qui pour De gaulle ne peut signifier, bien sûr, qu'un retour aux plus hautes fonctions.

En Indochine, des soldats si jeunes que c'en est pitié se font trouer la peau.
Il semble prévoir les événements d'Algérie et même que l'on fera appel à lui, le Général De Gaulle, De Gaulle, le Grand Charles.

C'est sur ces confidences faites, semble-t-il, à Claude Mauriac que se termine cette première partie.

Le début de la seconde partie met l'accent sur l'humilité orgueilleuse du Général.

Charles De Gaulle à la Boiserie : il vit sans dépenses excessives, refusant même, - c'est ce qu'affirme le personnage d'Yvonne De Gaulle (Danièle Lebrun) -, de se faire rembourser de ce que peuvent lui coûter le médecin et le pharmacien (il est vrai qu'il a l'air solide comme un chêne). On rappelle au passage qu'il a participé à la création de la Sécurité Sociale (cf les Ordonnances d'octobre 1945).

Février 54 : L'abbé Pierre utilise la radio lui aussi, pour en appeler à la solidarité des Français.
La France connaît alors une très forte crise du logement. Des familles sont à la rue.
A l'heure où j'écris ces lignes, la France connaît aussi une très forte crise du logement. Des familles sont à la rue. Certes, il y a beaucoup plus d'aides et de réglementations que par le passé mais on ne peut s'empêcher de penser : "Où va un pays où il semble de plus en plus nécessaire de multiplier les lois de gestion des difficultés et où l'on crée des emplois qui n'ont de légitimité que dans les problèmes toujours plus aigus de nos contemporains ?"

Les dialogues rappellent aussi que Yvonne De Gaulle refusait d'inviter des divorcés : Chère "Tante Yvonne", - l'expression n'est jamais citée dans le téléfilm de Bernard Stora ; il est vrai qu'elle est assez ridicule, cette expression -, trop familière pour la si prude, si Première Dame de France, épouse d'homme providentiel, mère de famille, maîtresse de maison.
On notera d'ailleurs que l'expression "Première Dame de France" semble tomber en désuétude ; il s'agissait sans doute d'une autre France, la "Vieille France" des restes de la tradition : un mélange de richesses bourgeoises et de principes hérités des anciennes familles de la noblesse chrétienne.
Dans l'imaginaire que l'on dit "collectif" (cette idée "d'imaginaire" ou "d'inconscient collectif" m'a toujours paru trop vague pour être véritablement pertinente), De Gaulle donc, pour les lecteurs de journaux, les contempleurs de légendes, - admirant Malraux et la légion des chroniqueurs du Gaullisme -, semble incarner cet état d'esprit, cette manière d'être "Vieille France". En était-il vraiment ainsi ?
Franchement, je ne le crois pas. Cette "Vieille France", pour une grande part me semble-t-il, relève de l'idéalisation de la France et du Général De Gaulle et a une de ces allures de fantasmagorie patriotique qui fait sourire. En tout cas, elle est bien trop subjective pour être prise en compte et c'est là sans doute le défaut de ce téléfilm : De Gaulle y est trop De Gaulle, trop conforme à l'image habituelle que l'on en donne, l'homme providentiel, l'homme courageux, le visionnaire politique, l'indépendantiste, le diseur de bon mots et de phrases historiques, l'écrivain, le protecteur de Malraux, le bon époux, le bon père, sans doute, oui, il y a eu de cela chez De Gaulle mais le téléfilm évite soigneusement les zones d'ombres : l'assassinat de Darlan, l'enlévement de Ben Barka, la torture en Algérie, les barbouzes, Papon organisateur de "ratonnades" officielles, etc...
C'est vrai, De Gaulle n'est pas revenu au pouvoir en 1958 et à la faveur de ce qu'il faut bien appeler "un coup d'état" pour "entamer une carrière de dictateur" mais à  quoi cela a-t-il tenu ? La question, je crois, mérite d'être posée.

Depuis sa démission de 1946, De Gaulle est seul.
Le RPF est-il devenu un parti comme les autres ? En dehors des "barons" (Chaban-Delmas, Debré, Guichard, Malraux, Soustelle,...), n'y a-t-il plus que rivalités et intrigues ?

Une scène de la IVème République : Soustelle est pressenti par le président Auriol qui lui demande de former un gouvernement. Naïvement, il s'attend à être félicité par le Grand Charles. Il se fait remettre à sa place par un De Gaulle mécontent de voir certains de ses fidèles briguer des postes au risque de voir le gaullisme s'emmêler dans les combinaisons électorales et autres moeurs politiques de l'époque.
Cette intransigeance, - envisageait-il déjà la Vème République et le renforcement du pouvoir présidentiel aux dépens des arrangements parlementaires ? -, n'est guère payante : difficultés financières et revers électoraux affiblissent le gaullisme.

Londres, janvier 1941 : Churchill, l'homme au cigare, et De Gaulle, l'homme au grand nez, regardent un film des actualités françaises témoignant de la popularité de Pétain. Churchill asticote De Gaulle ("Regardez, De Gaulle ! Pétain! Pétain ! Il crient ! Tous ! Vive Pétain, vive le Maréchal ! Regardez, De Gaulle !").
Alors que la première partie du téléfilm montrait un Premier Ministre anglais soucieux de s'entendre avec "l'homme du 18 juin", la seconde partie souligne ce qui séparait les deux hommes : le poids des Etats-Unis.
On ne peut comprendre tout ce qui a été  fait dans le cadre de la politique étrangère des Anglais depuis un siècle sans comprendre les liens entretenus par le Royaume-Uni avec les Etats-Unis.
En ce qui concerne la France, c'est une autre chanson et le gaullisme fut aussi une suite de prises de distances avec la volonté américaine.

1954 : De Gaulle compose le premier tome des "Mémoires de Guerre" ; il y évoque les années 40-42.

7- 8 novembre 1942 : dans la nuit méditerranéenne, des troupes anglo-américaines débarquent en Afrique du Nord. De Gaulle n'est pas même informé. Il est furieux, il estime que les Alliés sont entrés en France par effraction, sans même lui demander son avis, lui qui justement revendique le titre de chef de la "France Libre".
De fait, Roosevelt et Churchill veulent écarter De Gaulle et promouvoir leur pion : le général Giraud.
Ce qui sans doute caractérise le plus De Gaulle, c'est sa lucidité. Il sait que l'on ne peut faire de politique sans intrigues. Il critique le débarquement lors de ses entrevues avec les Anglais, mais l'approuve publiquement lors de ses interventions à la BBC.

En 1943, c'est toujours Giraud qui est pressenti pour être l'interlocuteur privilégié des Américains ; en juillet 43, il est même le Commandant en Chef de toutes les forces françaises. C'est par ce genre d'affront que l'on tente d'affaiblir l'influence d'un De Gaulle jugé trop indépendant vis-à-vis des Etats-Unis.
Ainsi, son arrivée au Maroc libéré ; il est accueilli fraîchement : pas de soldats pour lui rendre les honneurs, ni même un drapeau français.

Entrevue De Gaulle-Giraud au Maroc : Giraud propose de partager le pouvoir avec De Gaulle sous la forme d'un triumvirat (Giraud, De Gaulle, Georges) et prétend être absolument apolitique.
Il apparaît alors clairement que Roosevelt et Churchill veulent contrôler ce triumvirat en faisant de Giraud leur homme-clef, sinon leur porte-parole, dans les pourparlers à venir.

Humour des dialogues :
- "I am France" lance le personnage De Gaulle à un Churchill exaspéré.
- "Non, vous n'êtes pas la France !
- Si je ne suis pas la France, alors pourquoi discutez-vous avec moi ?"

On dirait aujourd'hui que De Gaulle était incontournable. Quoiqu'on pensât de son orgueil, de son patriotisme jusqu'à l'arrogance, on ne pouvait faire autrement que de discuter avec De Gaulle.

Se démarquant de tous, il devient légendaire. Les Américains semblent le craindre : on raconte que lors d'un entretien avec Roosevelt, le nombre d'hommes en armes postés non loin du président américain était très important, de peur peut-être que De Gaulle, dans un accès de "furie française", ne tuât son interlocuteur.
A mon sens, il s'agit d'une plaisanterie mais sait-on jamais ?
Ne dit-on pas que Roosevelt considérait la France comme une puissance de seconde zone et qu'il aurait même prévu (ceci est rapporté par le personnage De Gaulle tel que le film nous le présente) la création d'un nouvel état francophone : la Wallonie (regroupant la partie francophone de la Belgique que l'on appelle Wallonie, le Luxembourg, l'Alsace et la Lorraine, le Nord de la France).
Fiction ? Réalité ?
Il est cependant vrai qu'il a existé, ce fantasme d'un Etat francophone du Nord.

Est-il vrai, - mais il n'est pas question de cela dans le téléfilm -, que les Etats-Unis avaient prévu une monnaie d'occupation qui aurait été utilisée dans cette France libérée vouée peut-être à devenir un nouvel état américain ?

1er novembre 1954 : début de la Guerre d'Algérie.
Des hommes en armes, les "fils de la Toussaint" : 30 attentats le premier jour.

Olivier Guichard pressent qu'à l'occasion des événements d'Algérie, l'heure de De Gaulle va bientôt sonner cependant que le RPF semble mourant et ne survit que par l'énergie des "barons" qui, une fois par semaine, déjeunent ensemble.

Avril 1956, interview du Président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, par Pierre Sabbagh : la question algérienne est devenue l'une des préoccupations essentielles des Français puisqu'on y envoie de plus en plus d'appelés, des jeunes gens qui n'ont rien demandé et que l'on envoie risquer leur peau pour une terre qui, de toute façon, n'est pas la leur.
On se tue, on se règle des comptes, on se venge et représaille jusque dans les rues des grandes villes de la Métropole.
A noter : les socialistes sont alors en faveur de l'Algérie française.

A propos des événements : "L'Algérie est une boîte à scorpions" est une des formules chocs des dialogues du téléfilm. S'y côtoient tant d'intérêts contraires dans cette Algérie des années 50.

Chaban-Delmas devient ministre et demande à Léon Delbecque de "surveiller l'armée" : l'Algérie est une poudrière.
Chaban prépare ainsi le retour du Général. Il s'agirait donc d'un complot. Formules chocs encore dans les dialogues : "Voltigeurs du hasard", "Chevau-légers du destin " ; décidément, les comploteurs s'en donnent une, d'assez noble mission et une idée assez haute d'eux-mêmes en prime. Ils auraient tort. Ils ont changé le cours des événements.

Léon Delbecque est donc maintenant à Alger. Il est rapidement convoqué manu militari par le général Salan qui apprend ainsi le but réel de la présence de Léon Delbecque à Alger : favoriser le retour de De Gaulle au pouvoir.
L'une des thèses du téléfilm : on complote dans l'ombre de De Gaulle, sans demander son accord au grand homme.
Possible mais pas certain.
De Gaulle était-il si naïf ?

Léon Delbecque interroge un De Gaulle réticent et sceptique sur son éventuel retour aux affaires.
La question est clairement annoncée : "Si par un concours exceptionnel..."
Le Grand Charles : "Delbecque, je prendrai mes responsabilités."

1958 : Le 24ème gouvernement de la IVème République est tombé.
De Gaulle est sceptique, amer, il ronchonne :"Les hommes, vous savez, les hommes, sont de sales bêtes."
On dirait ma mère.
Il en a joué une drôle de comédie, le Grand Charles, faisant la moue, le vieil homme sceptique, blasé, vaguement misanthrope, fatigué et frileux et sans doute trop âgé pour reprendre le pouvoir.
C'est pourtant ce qu'il va faire, le Grand Charles, il va le prendre, ce pouvoir, le prendre comme s'il lui était dû.
D'ailleurs, malgré les ombrages du Général en retraite, Olivier Guichard pense que le temps est bientôt venu.

Comité de Vigilance constitué par Léon Delbecque à Alger : On organise une manifestation en faveur de l'Algérie française et le nom du Général est lancé dans la foule.
Quelques jours plus tard, un conseiller de René Coty donne l'assurance à Olivier Guichard qu'il est sérieusement envisagé par la Présidence, ce retour aux affaires du Général.

Il se peut même que l'on ait nommé Pierre Pfimlin à la tête du gouvernement en sachant que celui qui veut négocier avec les rebelles algériens va droit à l'échec.

Alger bout.

Avant que les jeux soient faits, De Gaulle continue sa sceptique comédie, se montre bougon, peu enclin à exercer de nouvelles responsabilités et pourtant il prend le pouvoir avec une rapidité surprenante.

Trois ans de silence public puis soudain, une conférence de presse.
Il y prononce le mot "résurrection".
Clin d'oeil. Coïncidence. "Résurrection" est le nom de l'opération décidée par les parachutistes et qui aurait pour objectif, si cela s'avérait nécessaire, d'aider militairement au retour de De Gaulle au pouvoir.
Dans cette même conférence de presse, le Grand Charles affirme avec humour que ce n'est pas à son âge qu'il va "commencer une carrière de dictateur".
Il s'agit tout de même d'un coup d'Etat.

Pierre Pfimlin rencontre De Gaulle en secret et demande au Général d'appeler les trop remuants généraux d'Alger au calme. C'est de cette entrevue que De Gaulle aurait appris par Pfimlin que les paras seraient prêts à sauter sur Paris, "pour peu que vous leur en donniez l'ordre."

De Gaulle, par voie de communiqué de presse, révèle le contenu de cette entrevue.
Il affirme avoir entamé avec Pierre Pfimlin le "processus préalable à la constitution d'un gouvernement". Ou quelque chose dans ce goût-là.
Il semble que cela soit faux.
Pierre Pfimlin en a été mortifié semble-t-il.
C'est ce que suggère le téléfilm.

Alger après la victoire des Gaullistes : Selon Léon Delbecque, les Musulmans seraient dans leur majorité favorables à De Gaulle.
Le Grand Charles obtient les pleins pouvoirs pour six mois.

"Je vous ai compris !" lance-t-il aux Algérois et il ajoute :"Je sais ce qui s'est passé ici ; je vois ce que vous avez voulu faire, je vois que la route que vous avez ouverte en Algérie, c'est celle de la rénovation et de la fraternité."
Dans ce discours, il ne prend pas clairement parti. C'est de la pure langue de bois. Mais il rassure quelques temps une partie des Français.

Pour quelques temps seulement : la "boîte à scorpions" n'est pas refermée.

"L'Algérie française de l'Armée n'est pas l'Algérie française des colons et encore moins celle des Musulmans." C'est ce qu'il aurait confié le Général le jour même du si célèbre "Je vous ai compris" : le monde colonial s'éteint et l'Algérie sera bientôt indépendante.

Ce qui adviendra des ex-colonies appartient à une autre histoire, celle d'un autre "baron" du gaullisme, le très secret et influent Jacques Foccart dont les "réseaux africains" firent couler beaucoup d'encre et fantasmer beaucoup de journalistes.

Le téléfilm finit comme il a commencé : Charles et Yvonne De Gaulle en Irlande.

Il fait du vent. Le temps passe.

Puis le char funèbre du Général.
La messe et tous ces chefs d'Etat venus saluer cet homme qui mêla son destin personnel au destin de la France.
La tombe toute blanche de Colombey-les-Deux-Eglises.
Le Grand Charles repose auprès de la petite Anne.

Fin du téléfilm couronné de prix.
Un peu trop aux ordres à mon goût.
Publicité. Un film américain, "L'Enfer du Devoir", un film de guerre, c'est-à-dire un film sur les Etats-Unis aujourd'hui.
Puis Villepin, les manifestations étudiantes, les grèves, la lutte.

Et début avril 2006, voilà que se profile l'ombre d'un héritier de la baronnie. 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 27 et le 28 mars, le 2 avril 2006

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Commentaires
D
Edgar Faure<br /> <br /> <br /> <br /> Près du champ de Mars, une rue porte son nom. Avocat, Homme d’état, Académicien est-il mentionné sur la plaque.<br /> <br /> Quand je passe à travers cette artère qui ne paie pas de mine, telle qu’elle est, négligeable, anonyme parmi des dizaines de milliers d’autres qui elles sont quais, boulevards, avenues connues de tous, quand je déchiffre comme un passant cette plaque où est cité Edgar Faure, la lecture de ce nom ne facilite ni mes choix, ni mes souvenirs. Ni cette question pour moi sans réponses : Qui fus-je pour lui ? <br /> <br /> <br /> Même si je plaisante, en me disant que tout au long de ma jeune vie, j’ai toujours été à côté de la plaque. <br /> <br /> Il est difficile pour un petit fils de retrouver son grand-père au coin de cette rue perdue dans Paris qui n’évoque rien de sa vie.<br /> <br /> <br /> « Je me souviens d’un coin de rue » chantait Trenet originaire comme lui du Sud Ouest de la France, Trenet auquel il était lié par une solide amitié. Trenet qu’il avait activement soutenu dans l’espoir qu’il devienne le premier troubadour admis sous la coupole. Il s’érigea pour la circonstance en ardant défenseur de la chanson, convaincu qu’elle peut acquérir en certaines circonstances des lettres de noblesse qui l’autorise aux mêmes distinctions qu’on accorde aux autres arts dits majeurs comme la poésie en particulier. La musique, la composition, la chanson ont toujours occupé, il est vrai, une grande place dans sa vie. <br /> <br /> Que de soirées passées près du piano où il se tenait impatient de nous faire partager ses dernières compositions avant de les faire découvrir à d’autres comme Henri Salvador où Serge Reggiani.<br /> <br /> Il était alors inquiet comme un débutant avant d’entrer en scène. Reggiani le chanta. <br /> <br /> <br /> Il n’en était pas peu fier. Dans une salle de fête du Haut Doubs, pendant une campagne électorale, pour une fois il était en avance ! Il aperçut au coin de l’estrade un double queue qui semblait soustrait d’un décor. Il s’assit devant le clavier aux touches incertaines et devant des militants et aussi quelques contestataires médusés, se mit à pianoter « une longue, longue attente ». Tout un programme et pas seulement politique. <br /> <br /> Une salle houleuse épousait soudain le flot musical ! la musique adoucissait aussi les mœurs politiques !<br /> <br /> <br /> « Compositeur » sans doute, aurait-il apprécié ce titre sur la plaque, lui auquel on collait l’étiquette d’éternel universitaire. <br /> • <br /> • Universitaire. Réformiste : Il faut avouer qu’il avait réformé au pas de charge écoles et facultés. Il aimait souvent évoquer soixante huit, la « chienlit » qu’il l’y avait porté. Et la vitesse avec laquelle il avait nettoyé tout cela. <br /> <br /> • Universitaire, lui-même avait passé très tard son agrégation de droit romain. A table, au petit déjeuner, il citait souvent Tacite où Sénèque dans le texte. Cela aurait pu sembler au réveil un exercice savant et fastidieux mais le petit zozotement dans sa bouche rendait tout de suite l’exercice moins sentencieux.<br /> <br /> <br /> • A propos de ce cheveu sur la langue, il éprouvait souvent le besoin d’en parler et de nous avouer que comme Démostène, il s’était acquitté de ses oraux avec moult cailloux en bouche. Alors la mention « Universitaire » sur la plaque portant son nom… ? Et si c’était plutôt Réformiste parce qu’Edgar Faure rejetait d’une même main révolution et réaction qui lui semblaient être prisonnières d’une même logique de l’affrontement (confrontation) qui était à l’opposé de tout ce qu’il était et de tout ce qu’il croyait. Homme de dialogue, fondateur du Nouveau Contrat Social. <br /> • <br /> Homme de négociation auquel on a souvent fait le mauvais procès de sacrifier parfois au compromis. En effet, l’avocat pensait –ce qui était paradoxal dans sa fonction- qu’un mauvais arrangement vaut souvent mieux qu’un bon procès. L’orateur ne craignait pas la plaidoirie bien que l’humaniste en connaissait les limites. Edgar Faure, négociateur et philosophe.<br /> <br /> • Je me souviens de l’accueil qui nous était réservé au Maroc où en Tunisie lorsqu’il répondait parfois aux nombreuses invitations qui lui étaient faites. J’avoue qu’en plusieurs circonstances le garçonnet que j’étais se trouva dans de bien fâcheuses postures. Quelle drôle idée avais-je eu ce jour-là de tirer la langue au Roi… Surgissait alors le Grand-père pour éviter que cela ne dégénère en incident diplomatique. <br /> <br /> • Le Souverain, en effet, en avait pris ombrage. <br /> • Il n’hésitait pas alors à se livrer à un portrait exhaustif de l’enfant, le puer romain, le puéril oriental, l’historien se faisait ambassadeur de l’enfance et de son irrespect. « Diplomate » sur la plaque de cette rue qui porte son nom ? <br /> <br /> • L’agitateur qu’il savait être, le provocateur qu’il pouvait être rêvait d’amour entre les hommes et avait du mal à croire qu’on puisse ne pas l’aimer. Il ne se connaissait pas d’ennemis et les hommes politiques de tous bords saluaient en lui l’histrion.<br /> <br /> <br /> • Souvent lors des grandes réunions de famille précédant l’été, après être resté longtemps silencieux au milieu des siens. Il revenait soudainement parmi nous et posaient avec humour mais gravité cette question : Un tel est-il Fauriste ? <br /> <br /> • Le diplomate et l’avocat était un Défenseur, mais pas seulement des chanteurs, des candidats à toutes les sortes d’examens, qu’ils soient politiques où agrégatifs, des enfants avant qu’ils ne deviennent martyrs mais le défenseur des causes quelles qu’elles soient pour peu qu’elles soient justes. <br /> <br /> • Je jouais dans sa chambre, comme souvent le matin, dans sa maison près de Paris, quand soudain j’entendis que le » Quai d’Orsay »-l’avait appelé. Quai d’Orsay, le mot me fit frémir, « Croquemitaine » Je devinais la gravité sans comprendre l’enjeu - le Quai d’Orsay lui apprit qu’un des derniers ministres du Chah d’Iran, Hoveyda allait être exécuté dans les heures à venir, sans autre forme de procès.<br /> <br /> • <br /> <br /> L’avocat qu’il était, plus encore quand les causes semblaient perdues, s’engouffra sans bagage dans la voiture officielle qui restait en permanence en faction dans la cour. <br /> <br /> Le serviteur de l’Etat qu’il s’ enorgueillissait d’être, aimait aussi à passer de longues nuits à former des mots, compter des lettres pour triomphalement annoncer à la septième trouvée dans le même mot, Scrabble ! <br /> <br /> Il riait alors comme un enfant du bon tour qu’il venait de jouer à ceux qui voulaient l’affronter et qui étaient ramenés au rang de bons élèves studieux.<br /> <br /> Tu chercheras ce mot dans le dictionnaire, me disait-il. Cela lui donnait le temps de prendre des notes sur un discours, d’affiner sa plaidoirie, de trouver un alibi à son dernier polar pour lequel il cherchait un titre et aussi de rajouter quelques références à ses mémoires. <br /> Mémoires pour lequel le temps lui était plus encore compté que prévu. Il allait hélas nous priver des chapitres consacrés à cette cinquième république que nous attendions tant. <br /> <br /> Il allait en priver la France comme il allait priver son petit-fils de cette part de rêve que donne le pouvoir lorsqu’il est au service des hommes sans distinction de peuples, sans ostracisme politique, sans sectarisme idéologique. Hormis le nazisme qu’il affronta comme procureur au procès de Nuremberg, il accueillit les représentants de toutes les idéologies aujourd’hui discréditées. <br /> <br /> Chinois, russes, Potentats africains et orientaux défilait à la maison. On me demandait de les saluer parce qu’il croyait utile de les recevoir pensant que le dialogue même le plus difficile valait mieux que le silence, l’ignorance où le mépris. <br /> <br /> Et puis disait-il » peut-être sont-ils plus proches de ce que je crois qu’ils ne le savent eux-mêmes ! », toujours cet incurable optimisme porté par l’amour de la vie. <br /> <br /> Alors sur la plaque, peut-être la seule mention qui conviendrait et devant laquelle il aimerait que nous pensions à lui serait celle d’Edgar Faure fondateur du Nouveau Contrat Social, inventeur du Faurisme.<br /> <br /> Et ce qu’il attendrait de nous, de moi de vous tous c’est que nous sachions perpétuer cette part d’humanisme qui refuse d’enfermer les hommes dans des partis et les convictions dans des certitudes.<br /> <br /> <br /> Rodolphe Oppenheimer.
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L'ordonnance du 21 avril 1944 a dinné le vote aux femmes qui voteront pour la première fois le 20 avril 1945 (pauvre Pétain qui pensait qu'elles voteraient pour lui, d'où sa propagande pour "la femme française"!!!! Il avait le soutien des associations de femmes non interdites, évidemmen!<br /> <br /> Ah! ne pas oublier! LEs femmes ont eu droit à des coupons de tabac rationné en 45! CA, au moins, c'est du sérieux!
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Yvone refusait de recevoir les divorcés à l'Elysée, fussent-ils prix nobel et donnant un gloire à la France...<br /> <br /> Autre chose: on disait, quand j'étais même, que Brigitte Bardot rapportait autant d'argent à la France que la Régie Renault!!! Ensuite, on a dit une chose similaire pour les Beatles en Angleterre.. . Ca me semble curieux, mais c'était admis. *<br /> Une rumeur que l'on croyait. Car c'est posible!!!!
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Holà!!!! LEs femmes ont eu le droit de vote sous Pétain! Et c'est deans el droit fil de la politique de célébration de la mère par le régime pétainiste!!!!!Elels ont voté ppur la première fois après la libération, presque jour pour jour après la publication de la loi sur le vote des femmes!!!!! Ni Pétain, ni De Gaulle n'étaient à proprement parler euh... féministes!!!!
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