Beaucoup de morts, beaucoup de sang
BEAUCOUP DE MORTS, BEAUCOUP DE SANG
La radio dans la salle de bains
Balance ses chansons ; le jour recommence.
On persiste dans l'être, le matin ;
Le monde est plein d'une belle indifférence.
Beaucoup de morts, beaucoup de sang, mais on s'en fout ;
C'est pas l'moment d'traîner, faut travailler.
Le soleil trop pâle a l'air d'un zéro.
La grand'place est très grise, amoindrie.
On laisse Cole Porter, ses chansons, le piano
Au salon, les regards un peu sots, attendris
Autour du scotch, du cendrier
Et du clavier un peu faux.
Beaucoup de morts, beaucoup de sang, mais on s'en fout ;
C'est pas l'moment d'traîner, faut travailler.
Jour après jour, night and day, on se transforme ;
La lune a l'air d'un clown candide ;
Nous vieillissons dans une lumière informe
Et faisons quand même notre numéro
De claquettes, au bord du vide.
Patrice Houzeau
Hondeghem, le 24 avril 2006