ELEGIE MISTIGRI

ELEGIE MISTIGRI
(Chanson à sublimer de quelque mélodie
Pour boyaux de chat et trapettes à souris.)

Mon chat a le bel air d'un petit diable gris.
Pour ça l'ai-je appelé Mistigri. Mistigri,
L'hiver, dort sur mon lit, épargnant des souris
Patates et grain pour mes coin-coins blancs aussi.

Hélas, ce doux matou héberge tant de puces
Que toute la maison nuit et jour se gratouille,
De l'ancêtre au morveux, du nez jusqu'au prépuce,
Du sourcil broussailleux jusqu'à l'entre-deux couilles.

Les nuits d'été, il part honorer la minette
De la charcutière et de la crémière aussi ;
Monte-en-l'air moustachu des nuits où tout est gris,
Qu'il est beau, le félin, dans la ville endormie.

Misère, voici que, car très écrabouilli,
Le petit chat est mort ; des crétins en goguette
Automobile m'l'ont raplati, Mistigri...
C'est ni graf', je m'en vas acater un fusil ! (1)

Note (1) On notera ici l'expressivité du rythme ternaire qui souligne la farouche détermination du narrateur. D'ailleurs, il n'est pas d'ici et, comme on le voit, il s'exprime dans une langue qui n'a plus cours depuis Luc Ferry et le Ministère Bayrou.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 18 février 2007