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BLOG LITTERAIRE
12 novembre 2007

DES NEO-STALINIENS

DES NEO-STALINIENS 

Il y a des choses qui ont le don de me mettre en colère, et le fait d'empêcher un étudiant de travailler en lui bloquant l'accès aux bâtiments relève pour moi d'un pur stalinisme, d'un pur déni de la liberté des autres.
Les petits coqs rouges qui actuellement bloquent les entrées des universités pour protester contre une loi par ailleurs votée et qui ne les concerne finalement que très peu
(1), même s'ils sont majoritaires (2), n'ont aucune légitimité à empêcher quiconque veut accéder à l'Université de le faire. Ces imbéciles semblent avoir oublié que les traditionnels piquets de grève des conflits sociaux de l'industrie ont pour but d'empêcher le déménagement de l'outil  de travail par la Direction ou encore que les postes soient pourvus par des travailleurs intérimaires qui, cela s'est vu, pourraient même prendre leur place et donc être la cause du licenciement des personnels grévistes (3).
Que je sache, personne ne voudrait subrepticement (les étudiants de l'UNEF vérifieront le sens de ce mot dans le dictionnaire) déménager la B.U (Bibliothèque Universitaire) ou les ordinateurs des secrétariats.
Que je sache, nul ne songe à rayer des listes des étudiants absents pour les remplacer par d'autres étudiants, venus de l'étranger par exemple ; par contre, je suis sûr que bien des jeunes gens d'Afrique ou d'Amérique du Sud aimeraient bien venir étudier en France, à l’Université, que celle-ci soit autonome ou pas !
Etudiant
(4)
, moi aussi, je l'ai été, et j'ai connu à Lille III, dans les années 80, des manifestations et des grèves ; pour protester contre la réforme Devaquet par exemple (je ne sais même plus en quoi elle consistait, c'est vous dire !) ; et pourtant, je puis vous assurer qu'à l'époque, il ne venait à l'idée de personne d'empêcher qui que ce soit de suivre un cours. Les grévistes manifestaient ("DEVAQUET AU PIQUET !"), les non-grévistes suivaient les cours ("... et c'est alors que, piqué au vif, Bonaparte répondit..."), et moi, j'allais au bistrot.
Il est vrai que nous étions plus soucieux sans doute de la liberté individuelle, et que, pour beaucoup d'entre nous, nous ne prenions pas la politique si au sérieux et encore moins au tragique
(5), que la grande démocratisation de l'Université voulue par les Chevénement et les Meirieu n'avait pas encore produit ses effets et qu'en conséquence, la racaille ne s'y était pas encore installée, à l'Université.

Notes :
(1)
La loi sur l'autonomie des universités étant avant tout un ensemble de mesures techniques visant à assurer un partenariat plus important entre secteur public, - l'Etat - qui, à ce que je sache, n'a pas rompu ses engagements, et le secteur privé, lequel, de toutes façons, subventionne depuis longtemps certains travaux de recherche universitaires.
(2)
Devant des heurts à répétition, le mécontentement des étudiants opposés au blocage, des Assemblées Générales de trois ou quatre cents aux décisions votées à main levée (!!!???), certains Présidents d'Université ont eu l'intelligence, aujourd'hui, lundi 13 novembre 2007, à Rennes ainsi qu'à Lille, d'organiser un vote à bulletin secret. Il semble en effet qu'à Lille III (Sciences Humaines) ainsi qu'à Lille I (Sciences et Techniques), la reconduction du blocage des entrées ait été décidée par une majorité d'étudiants.
A Rennes, certains grévistes, néo-staliniens jusqu'au bout, ne reconnaissent pas la légitimité d'un vote qui, pourtant, offre toute garantie de démocratie (engagement de l'administration, présence d'observateurs appartenant aux différentes composantes, installation d'isoloirs,...)
(3)
A Lille III, certains gros malins, abonnés au redoublement et au changement d'orientation multidirectionnel,  joueraient de leurs muscles pour impressionner des étudiantes de première année. Un jeune chargé de cours, n'ayant aucune carte prouvant qu'il est bien enseignant, n'a même pas pu entrer dans le hall. Eh Oh ! ça va bien, oui, il bosse, lui ! Il gagne sa vie, cet enseignant, et les impôts qu'il paie servent aussi à vous permettre d'étudier, bande de rigolos !
(4)
Poil aux dents ! Fallait qu'j'le fasse ! Fallait qu'ça sorte !
(5) S'ils décident de bloquer les Universités à cause d'une loi de financement, que feraient-ils si, soudainement, on mettait en place un numerus clausus à l'entrée de certaines filières ? : s'immoleraient-ils ?
 

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 novembre 2007
 

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Commentaires
F
J'ai écrit un livre sur la fac et la grève contre le projet Devaquet<br /> <br /> http://www.lulu.com/content/3703368
P
Non, non, moi je n'ai pas manifesté contre la loi Devaquet ; j'avais autre chose à faire que d'aller me compromettre dans les rues avec des incultes gauchisants.<br /> Pour ce qui est de Lille III, en tout cas, à l'époque, aucun blocage de la fac, je puis vous l'assurer. Nous étions absolument libres de suivre les cours que nous voulions.<br /> Etant farouchement anti-communiste, je ne puis que déplorer qu'une minorité d'étudiants empêche les autres de suivre des cours : de toute façon, il y a bien trop d'étudiants en France et donc trop de futurs emplois déqualifiés, trop de misère à venir, trop de frustrations...<br /> Quant aux "chiches" salaires des enseignants, vous plaisantez, j'espère... Ou alors, vous êtes naïve. Il est sûr que bien des enseignants employés comme "vacataires" par l'université ne sont pas toujours très bien lotis (peu d'heures de cours, problèmes de transport, etc...) mais, étant du métier, je puis vous assurer que les enseignants titulaires gagnent plutôt bien leur vie, et, pour certains d'entre eux, cela me semble un très bon salaire par rapport à ce qu'ils font réellement.<br /> <br /> Patrice Houzeau<br /> Hondeghem, le 16 novembre 2007
M
Bonjour, <br /> Il me semble que votre mémoire vous joue des tours, vilains qui plus est... J'ai, comme vous, participé aux mouvements étudiants contre le projet Devaquet en 1986 - 1987 (projet qui dans son esprit, déjà, tentait d'établir des ponts entre université et secteur privé - ce que la droite n'a pas réussi à légiférer à l'époque, elle le retente aujourd'hui -). Pourtant il me semble me souvenir que de nombreuses facs usaient des mêmes moyens que ceux qui sont utilisés aujourd'hui : blocage, occupation, neutralisation de péages autoroutiers (c'était très rigolo et plutôt bien vu des usagers)... Il est donc vraiment déplacé de prétendre que la racaille gouverne les facs aujourd'hui : c'est faux. <br /> Que le mouvement étudiant soit manipulé par des appareils politiques est une autre histoire et cela était déjà de mise à l'époque (combat entre UNEF et UNEF-ID, etc.).<br /> Par contre, il serait avisé de s'interroger sur le sens de la grève des étudiants, qui quand ils sont en grève ne pénalise aucun patron, ni profs qui continuent à être payé (ce ne sont pas eux qui sont en grève, même s'il ne peuvent aller travailler, faute d'étudiants, ils continuent à être chichement payé...), ni usagers... les seuls pénalisés, sont en fait les étudiants qui manquent les cours (qu'ils soient grévistes ou pas) la fameuse année 86/87 j'ai raté tous mes examens et j'ai dû recommencer une année universitaire...<br /> Quant à la question du vote à main levé ou secret, je ne vois pas ce qu'il y a de problématique, nos parlementaires utilisent les deux systèmes sans soucis aucuns, ce qui importe c'est de respecter les résultats, et les grévistes de Rennes seraient bien avisé d'en faire autant, puis de chercher à remobiliser les étudiants sur leurs sujets de luttes...<br /> <br /> Les stals ne sont pas morts, mais ne sont pas toujours là où on croirait les trouver... <br /> Usez de modération, affinez votre mémoire car le stalinisme vous guette...
O
LA grève est sacrée! Il n'y a pas à juger ceux qui la font, ni à s'occuper des causes, ni de savoir qui a raison: la grève dit que ça ne va pas. C'est tout. Et on se fout du reste: ce qui fait que ça ne va pas doit payer,morfler, être puni! IL fallait réussir! Un étudiant, s'il ne réusit pas, il stagne.Un gouvernement , surtout celui-là et ses clones, doit la fermer! LEs retaites?Les régimes spéciaux doivent être étendus à tous les boulots difficiles. <br /> Que les non-grévistes s'habillent en jaune, s'ils l'osent!<br /> La grève est sacrée,pas moyen d'y couper! Fallait réussir à équilibrer la société! PAs de pitié,pas de quartier,la grève est sacrée! <br /> Quant à ceux qui veulent aller au boulot quand même au lieu d'être solidaires, c'est rigolo: ils payent leur aliénation en se livrant à des prouesses relatives aux transports! Ah! LEs jolis esclaves! Regardons-les en rigolant, c'est distrayant! Et relisons le Discours sur la servitude volontaire " du bon La Boétie, qui devrait être connu par coeur dans tous les LEP.. Et toisons les agités du boulots qui attendent des bus, des trains, durant des heures en souriant finement d'un air entendu avec le léger, mais distingué frémissement palpébral de l'esthète arrogant, hautain mais avisé contemplant la sous-racaille des résignés et des complices!
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