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BLOG LITTERAIRE
10 juillet 2012

ENTRE UNE CHOSE ET L'AUTRE

ENTRE UNE CHOSE ET L'AUTRE
(En feuilletant Poésies d'Alvaro de Campos avec le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro, de Fernando Pessoa, traduit par Armand Guibert, Poésie/Gallimard).

1.
"entre une chose et l'autre tous les jours sont à moi."
(Fernando Pessoa, Si, lorsque je serai mort...)
Abus de langage, cette propriété des jours... cela dit, mes jours sont bien les miens... ils sont marqués par ma présence... insignifiants ou remarquables, j'ai signé mes jours de l'ensemble de mes gestes... le tout, c'est qu'une journée est divisée en un nombre croissant de consciences... ceci est mon jour, mais moi... noyé dans la masse.

2.
"j'en ai la certitude, mais la certitude est mensonge."
(Fernando Pessoa, Premier signe avant-coureur de l'orage...)
On n'est certain que de ce que l'on ne voit pas, constate pas, mais dont l'évidence de réalité est pour nous patente. Et, pourtant, tant que je ne vois pas, tant que je ne constate pas, je ne peux être absolument affirmatif. C'est la raison pour laquelle la justice ne peut se fonder que sur l'accumulation de preuves... la preuve par l'aveu ne peut suffire... l'humain aime trop la fiction pour ne pas mentir...

3.
"parce que je suis de la dimension de ce que je vois
et non de la dimension de ma propre taille..."
(Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, pièce VII)
L'oeil voit toujours plus grand... ou plus petit... il admire ou il méprise... ou il ne voit pas, ne regarde pas, ne remarque pas... ce n'est pas un compas, mais un point de vue... il n'y a que lorsqu'il se livre à la mécanique de l'analyse que l'oeil est objectif... le but de l'administration est de remplacer l'oeil subjectif par l'objectivation du droit... dans certains cas, cela peut aller jusqu'à aveugler.

4.
"Quelque chose a changé dans une partie de la réalité"
(Fernando Pessoa, Vérité, mensonge, certitude, incertitude...)
La réalité grouille de changements... rien de fixe... le plus calme des jardins est dans ses plis et replis une succession de vies et de morts d'insectes des plus divers... l'humain est ce qui tente de comprendre et d'utiliser cette pétaudière universelle qu'on appelle nature.

5.
"Je suis un gardeur de troupeaux.
Le troupeau ce sont mes pensées"
(Fernando Pessoa, Le Gardeur de troupeaux, pièce IX)
Drôle de berger qui produit lui-même son propre troupeau. Et puis, c'est qu'ça file, les pensées, ça fulgure, ça zèbre dans les coins, ça s'ralentit, ça s'accélère, ça bouillonne, ça s'affole, ça radote, redonde, bondit, s'oublie... voyez le boulot qu'c'est !... on appelle cela philosopher... et ici, faire poème... c'est pas très sage... c'est même mal élevé, cet élevage de pensées... on pourrait très bien mal comprendre... mal interpréter... ça peut incider grave... faut pas prendre ça au sérieux, c'est tout... ou alors ne faire qu'hermétique, technique, professionnel, analytique à jargon... décourager le lecteur... des fois qu'il comprendrait qu'on se fout d'sa gueule.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 10 juillet 2012

 

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