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BLOG LITTERAIRE
19 août 2012

LES TOTORIENNES (On va se gêner, tiens...)

LES TOTORIENNES (On va se gêner, tiens...)

Ecrit sous l'influence du premier album du Blue Öyster Cult (sur lequel j'ai fait une petite note, cf le bref 10 de cette page).

1.
"La nuit descend lugubre, et sans robe étoilée."
(Victor Hugo, Les Orientales, "Mazeppa")

Noire, nue, lugubre : la mort, quoi.

2.
"Et quand il passera, ces peuples de la tente,
 Prosternés, enverront la fanfare éclatante
         Bondir autour de lui !"
(Victor Hugo, Les Orientales, "Mazeppa")

J'aime bien l'idée de la fanfare bondissante : les musiciens qui sautillent, enjoués, en rythme, et jouant Le clair de lune à Maubeuge; pour la grosse caisse, ça doit pas être facile, elle doit être exemptée. Du reste, c'est idiot : on ne peut pas jouer en sautillant : y a que ceusses qui jouent en playback à la télé qui peuvent s'amuser ainsi à se secouer la carcasse. J'apprécie pas quand les groupes en font trop. Dans Shine A Light, le film de Scorcese, les Stones jouent sans trop faire de cinoche. C'est plutôt bien. Ce sont de bons musiciens ; pas la peine qu'ils s'agitent comme des pendus. Ah ! l'élégance des jazzmen, les rockers ne l'ont pas toujours. Dommage...

3.
"des vers de l'intérieur de l'âme"
(Victor Hugo, Préface au recueil Les Feuilles d'automne)

C'est surtout les âmes rongées qui produisent ce genre de vers. La mouche du coche mélancolique y a pondu et après elles ont publié Les Fleurs du mal, Une saison en enfer, Les Amours jaunes, Les Complaintes et Voyage au bout de la nuit.

4.
"Que t'importe, mon coeur, ces naissances des rois"
(Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, IV)

Là-dessus, je suis d'accord avec le Grand Totor, on s'en fiche.

5.
"...mes pensers dans le fond de mon âme"
(Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, "Rêveries d'un passant à propos d'un roi")

Il en a dans le fond de son âme, des tas de trucs, Victor, des "vers", des "pensers" : moi, dans le fond de mon âme, y a comme un trou, tout y passe comme il y rentre. Une collègue qui m'aimait bien (si, si, il y en eut) me dit un jour : "on a l'impression que tout glisse sur toi comme l'eau sur les ailes d'un canard." J'eusse aimé que cela fût vrai.

6.
"Il baise avec respect la barbe de son père"
(Victor Hugo, Les Orientales, "Marche turque")

Pourvu que ce ne soit pas une barbe à poux !

7.
"... et railler l'amant et le poète,"
(Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, XVIII)

On va se gêner, tiens...

8.
Evoquant une tempête, Hugo dans A ***, trappiste à La Meilleraye, parle d'une "aile bien profonde". Je l'imagine assez bien l'oiseau Tempête, immense, gris et noir, l'oeil de proie, et qui dans un grand VLAOUF! flanque aux flots de grands coups bien profonds, que ça en jette de l'écume partout, et que les petits bateaux des hommes sont bien valdingués, et dérivants, et bien prêts alors de sombrer jusqu'aux fonds où passent des créatures à tentacules et d'autres féroces à nageoires.

9.
"Nous, échevelés dans la brume"
(Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, "A M. de Lamartine")

Victor et Alphonse figurants dans un film de Dario Argento, ça le fait non ?

10.
J'ai composé ces quelques brefs en écoutant le premier album du grand Blue Öyster Cult et dont le titre est "Blue Öyster Cult" et qui date de 1972. C'est pas leur meilleur, mais ils étaient déjà bien prometteurs, les hard rockeux du Culte de l'Huître Bleue, même que maintenant, par rapport aux furies qu'on publie maintenant, ils me semblent plus près du rock progressif (l'ironie en plus) que les actuelles furies furieuses avec des voix d'outre-tombe - style nuit des grands pervers à voix plus grave que grave comme s'ils avalaient du Godzilla tous les matins - que j'arrive pas à écouter. La galette commence avec "Transmaniacon MC" qui donne le ton "rock n'roll avec incises incisives de guitare" ; ça se poursuit avec "I'm On The Lamb But I Ain't No Sheep" qui finit en efficace boogie (avant-goût du fameux "Buck's Boogie" qui en réjouira plus d'un, dont ma pomme, et qui, via les compilations et autres anthologies, introduira le groupe à bien des esgourdes). Suit une ballade qui lorgne, mine de rien, vers l'Acid Rock : le très beau "Then Came The Last Days Of May", où la guitare a l'air d'y poursuivre des fantômes sur une route bien étrange. Retour au boogie avec "Stairway To The Stars", façon ZZ Top avec des couplets qui rappellent Deep Purple. Efficace certes, mais un peu attendu. Heureusement, un piano vient agrémenter le tout, histoire de rappeler d'où vient le rock (à mon avis, d'un mélange de blues et d'angliche baroque). Bien meilleur est "Before The Kiss, A Redcap", là aussi un poil boogie, la guitare y suit la voix comme son ombre : effet garanti. La rupture "music hall jazzy" au milieu du morceau fait penser que quelques années à peine avant l'irruption de ce type de hard rock, les Beatles avaient réinventé la pop music en y introduisant tripatouillages sonores, ruptures de rythme, humour surréaliste. Le quasi planant "Screams" suit. Là encore une réussite, c'est vraiment pas loin du Pink Floyd de Syd Barrett que c'en est troublant. Le fond du morceau est très curieux qui a l'air d'égrener des bizarreries. La rythmique rappelle celle du second opus du Floyd ("A Saucerful Of Secrets"). La batterie fait la transition avec le tout aussi planant "She's As Beautiful As A Foot" : là, c'est aux Doors que l'on pense, jouant sur le contraste entre la nonchalance style je me promène le long de la digue ensoleillée et l'âpreté des paroles. Antépénultième, le déjà heavy "Cities On Flames With Rock N' Roll" a tout du classique du hard rock (riff efficace, fausse lenteur due à la lourdeur basse-batterie, solo de guitare à moteur pour amateur du genre rock âpre à cheveux longs, final en avant toute, mes braves). "Workshop Of The Telescopes" suit et révèle la dimension expérimentale du groupe (écoutez voir les dissonances de la fin du morceau - c'est du Cure déjà quasi - et les sons étranges genre Nina Hagen est revenue en soucoupe volante, les avez-vous entendus ?). La dernière fantaisie de cet album s'intitule "Redeemed" et se la joue assez rock californien qui pourrait passer pour insipide si la guitare de Donald "Buck Dharma" Roeser n'y était pas si éminemment efficace ; et qu'est-ce qu'écouter un disque de rock sinon apprécier ce que l'on peut faire avec une paire de guitares électriques, une basse, une batterie et une voix.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 19 août 2012

 

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Commentaires
B
vous exagérez, vous me faites pleurer. Aujourd'hui est le jouroù je pleure, <br /> <br /> <br /> <br /> je suis une sablière. Enfin, presque.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous me faites rire, aussi.
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