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BLOG LITTERAIRE
12 décembre 2012

LES FANTÔMES NE SONT PAS FAITS POUR LES CHIENS

LES FANTÔMES NE SONT PAS FAITS POUR LES CHIENS
Sur quelques expressions que j'extrapole, dérive, décline,  du poème "Qu'est-ce pour nous, mon coeur...", d'Arthur Rimbaud.

1.
vivre dans le "qu'est-ce" : nous vivons dans le qu'est-ce comme le chat dans sa boîte. L'indécidable conditionne nos décisions. 

2.
"Mais si, tout encor" : Chaque journée commencée consiste à remettre sur le métier un salutaire et critique mais si, tout encor.

3.
vivre la voulons : le pronom complément est au coeur de l'expression, entre le vivre et le vouloir ; il contient nos désirs et toutes nos entreprises, la volonté de vivre et la manière dont notre vie s'articule autour de nos volontés.

4.
mettre l'histoire à bas : la tabula rasa, l'ontologique coupe à  ras, c'est vouloir mettre l'histoire à bas, celle-là qui nous rattrape toujours, puis nous devance, afin de nous faire un de ces croche-pattes que nous voilà guignol boiteux.

5.
tourner dans la morsure : être quelqu'un de bien, c'est, je suppose, éviter d'être si souvent couteau autant que d'être si facilement morsure.

6.
remuer les tourbillons : je ferais bien de cette expression une formulation technique. Pour un peintre, "remuer les tourbillons", ce serait produire cet effet de brouillamini de fièvre froide et grise dans le ciel là-bas, qui annonce la tempête.

7.
s'imaginer des frères et des soeurs, c'est se trouver dans ce que l'on appelle communément un désert affectif.

8.
sauter les volcans et frapper l'océan : j'aime à penser que cette double expression correspond aux règles d'un jeu que nous maîtrisons mal. La poésie est peut-être l'énoncé infini des règles d'un jeu dont nous n'avons pas trop d'une vie pour en apprendre l'essentiel.

9.
se sentir frémir : l'âme, une feuille, l'âme, dans une branche agitée... l'âme, une feuille sans forme, l'âme, dans une branche sans arbre, l'âme, agitée par un vent qui ne souffle que parce que nous nous sentons frémir.

10.
y être, y être toujours : c'est au fond ce que les autres nous demandent, même quand nous ne sommes pas là, et même quand nous ne sommes plus là ; les fantômes ne sont pas faits pour les chiens.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 12 décembre 2012

 

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