SON BONAPARTE TOUT SEUL

SON BONAPARTE TOUT SEUL

1.
Pourquoi combattre la fadeur ?
Parce qu'elle donne au réel un goût de carton qui vous fait penser que le réel est un décor de théâtre aux accessoires tranchants.

2.
Souvent faux-semblant vous poignarde.

3.
Je me suis parfois demandé si toute religion n'était pas autre chose qu'une maladie des yeux.

4.
Mettre l'univers en pièces ne suffirait pas. Ce serait en faire un puzzle qu'un dieu amateur d'énigmes se mettrait aussitôt à assembler. Il faudrait le désintégrer, l'anéantir, le rentrer dans la gorge d'où provient ce souffle créateur qui n'en finit pas de se répandre et de contaminer le rien avec quelque chose.

5.
Et dire qu'un jour La Joconde se gondolera, se craquellera, se fissurera, grimacera affreusement et vomira du néant.

6.
L'idée que l'esprit progresse me fait rire comme la vision d'un âne qui irait de plus en plus vite dans une descente vers un tournant imprenable.

7.
Il n'y a pas plus d'empressement à faire le mal qu'à faire pire que mieux.

8.
Seul le Bien presse réellement. Il presse d'autant plus que l'on ne fait généralement le bien que par obligation.

9.
Qu'un seul pouvoir, et vous.

10.
Qui abuse s'abuse. Ce qui est très moral de dire ça. Je devrais avoir ça en tête quand je commande ma troisième bière.

11.
J'ai parfois fréquenté les verres pleins parce que je croyais qu'il y avait quelqu'un derrière.

12.
Voulons-nous réellement, comme le dit Nicole (celui de Port-Royal, pas la servante de Molière que j'ai beaucoup aimée quand j'étais à l'école), voulons-nous réellement "dominer sur tous les autres autant qu'il nous est possible" ?
Bof... non, même pas. Sauf quand on s'exalte un peu, qu'on fait son Bonaparte tout seul.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 octobre 2013