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BLOG LITTERAIRE
26 juin 2015

TAKE A RUNNING JUMP ET AUTRES ŒUFFERIES

TAKE A RUNNING JUMP ET AUTRES ŒUFFERIES

1.

« Quand je suis tout de feu, d'où vous vient cette glace ? »

(Racine, « Phèdre », V,1, v.1374 [Hippolyte])

2.

Le feu renard plein de rage dévoreur des horizons

Et la glace où se jette l'incendie de ta chevelure.

3.

Les chansons, ces trous de serrure par où l'infini a l'air de vouloir passer du côté d'nous autres.

4.

Que les ténèbres nous dicteraient le dit des ombres à nos oreilles la nuit quand nous croyons rêver.

5.

J'aime les chansons nez d'clown, et puis pied d'nez, doigt d'honneur, plume la lune, et puis cactus et chardon d'orfèvre.

6.

On croit avoir appris à l'école que la coutume romaine était que les gladiateurs, avant d'aller s'entrétriper, saluent ainsi l'empereur : « Ave Caesar, morituri te salutant ». D'après ce qu'on dit, cela n'aurait été prononcé qu'une fois, à l'occasion d'une naumachie (représentation d'un combat naval), qu'afin d'y faire périr quelques renégats l'empereur Claude avait commanditée. D'autres même disent que c'est une invention d'Hollywood (ce qui est curieux puisqu'il existe une toile de Jean-Léon Gérome datée de 1859 et qui porte ce titre). « Ave Caesar, Morituri Te Salutant », c'est bien beau tout de même dans le genre tragique à peplum, même si ça prouve assez que l'Histoire qui balade ses lambeaux dans nos pommes, c'est rien que costumes hétéroclites dont on affuble des pas d'chair pas d'os.

7.

Avoir quelqu'un dans la peau : aimer passionnément, à n'en plus pouvoir le décrocher, ce lézard amoureux qui vous court la couenne, vous tressaute le palpitant, vous lézarde, vous faille.

8.

« Seigneur, depuis six mois je l'évite et je l'aime »

(Racine, « Phèdre », IV,2, v.1129 [Hippolyte])

9.

Seigneur, ô mon daron, voilà un bail que j'l'esquive et que je la kiffe tant que je l'ai dans la peau, la grande blême, la grande blême du palais.

10.

« Harold the Barrel cut off his toes and he served them all

For tea »

(Genesis, « Harold The Barrel », chanson pop baroque assez)

Une salade d'orteils, histoire de mettre les pieds dans l'plat.

11.

Je suppose que ça a déjà été dit le baroque casse la baraque, mais que voulez-vous, je m'amuse d'un rien.

12.

Qu'un jour qu'on voit limpide couler le fleuve des morts et qu'on se dit que sois poli maintenant qu'ça suffit nom di dji.

13.

« Et le fleuve des morts limpidement vu »

(Pierre Jean Jouve)

14.

Qu'un éclat du soleil sur le fer d'une lance d'il y a des siècles se ferait éclair maintenant pour te foudroyer, ô saloperie.

15.

Zut écrit des tas d'trucs lunaires, c'est qu'elle n'a pas envie de se laisser bouffer toute crue par les rêves, lesquels lui battent la campagne.

16.

Qu'on aurait du luneux plein la caboche, qui roulerait sa bosse dans nos rêveries, et pis chuté d'une chanson de Malicorne.

17.

Qu'on serait les tatouages d'un géant lutteur, qu'on se plisserait, déplisserait, disparaîtrait et réa, au rythme de ses roulements des mécaniques.

18.

Qu'les chansons auraient bu toutes les larmes et qu'un soleil clair comme vin nouveau éclaire les mirettes.

19.

« Je suis aveugle, on me plaint

Et moi je plains tout le monde »

(« Le Luneux », chanté par le groupe Malicorne, « Almanach », 1976)

20.

J'aime bien le « take a running jump » qui termine le « Harold The Barrel » de Genesis, avec cette note qui s'enfuit dans la perspective où se profilerait Alice.

21.

Alice à la hache à trancher les nœuds du réel.

22.

Comme une fille qui boirait d'la bière dans un bar là-bas, avec une amie, et qui parlerait de poésie dans une langue que je ne connais pas.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 26 juin 2015

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