DANS L'ART DU JOUR BAISSANT

DANS L'ART DU JOUR BAISSANT

"Las de reconstituer dans l'art du jour baissant
Cette dame d'en face auscultant les passants"
(Jules Laforgue, Complainte d'une convalescence en mai)

C'est l'imaginaire qui travaille ici le Jules
Allité vu qu'il est convalescent et "ancré de
courbatures" faut bien le distraire son mal à
Être bien portant et donc obligé de garder la
Chambre comme si elle allait s'envoler partir
Flotter on ne sait où dans le ciel la chambre
Qu'on voit le ciel bleuir que ça vous flanque
De drôles de trognes aux choses que ça taille
Bizarre un peu dans le réel les angles on les
Voit moins les détails aussi d'autres détails
Qu'on voit alors on s'aperçoit que les choses
On les regarde jamais vraiment on passe parmi
Elles sans y prêter attention elles ont l'air
Pourtant d'avoir leur propre temps et même un
Rythme qui leur est propre les choses et puis
Il y a tout ce qu'on ne voit pas immense tout
Ce qu'on ne voit pas immense pourtant je cite
Ici de mémoire Le Mystère de la Chambre jaune
Il me semble le genre de livre que l'on prend
Avec soi quand on s'allite du roman à bizarre
Enigme de l'atmosphère de château manoir avec
Savant baroque journaliste fûté jolie fille &
Parfum de dame en noir on en lit des bouts de
Ci de là et puis on pose et puis on pense aux
Choses qu'on voit pas et qui nous manquent du
Coup qu'on est obligé de rester là au lit aux
Rues de la ville qu'on pense et à des visages
Aussi qu'on reverra quand on s'habitue l'oeil
Au sombre et l'on devine la fenêtre d'en face
Avec celle-là qui passe sa vie à regarder les
Gens passer dans la rue comme si elle n'avait
Rien d'autre à faire de sa conscience.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 23 avril 2012