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BLOG LITTERAIRE
27 avril 2017

JE PENSE AU MOT JAZZ ET AUTRES PENSÉES A QUI DE CHOSE

JE PENSE AU MOT JAZZ ET AUTRES PENSÉES A QUI DE CHOSE

 

1.

JE PENSE AU MOT JAZZ

 

Je pense au mot jazz

oh c'est un mot jazz

que j'aime bien jazz

je devrais dire jazz

je songe à vous jazz

ce mot songe au jazz

va n'est-il pas jazz

car vous êtes ô jazz

prince sonnant grand

seigneur des trompes

et batteries soleils

noyés dans l'ombre &

subtil chevalier des

rêveries au long des

claviers jazz ô jazz

grand pensif ô blues

Je pense au mot jazz

oh c'est un mot jazz

que j'aime bien jazz

je devrais dire jazz

je songe à vous jazz

ce mot songe au jazz

va n'est-il pas jazz

car vous êtes ô jazz

contrebasse dont les

rythmes miment cette

souplesse du passant

nonchalant de toutes

ces rues jamais vous

m'y verrez trop loin

loin boulevards rues

à n'en plus finir où

Je pense au mot jazz

oh c'est un mot jazz

que j'aime bien jazz

je devrais dire jazz

je songe à vous jazz

ce mot songe au jazz

va n'est-il pas jazz

car vous êtes ô jazz

à n'en plus finir où

sont passés tous les

ducs comtes tous les

seigneurs des sons &

les caves enfumées &

les légendes colères

ivresses et fatigues

coups blessures sang

Je pense au mot jazz

oh c'est un mot jazz

que j'aime bien jazz

je devrais dire jazz

je songe à vous jazz

ce mot songe au jazz

va n'est-il pas jazz

car vous êtes ô jazz

grand seigneur balai

à faire fuir prisons

overdoses & hôpitaux

dans la trompette du

temps qui n'en finit

Sur une photo jaunie

un orchestre muet et

les ciseaux de chair

dans la virevolte de

la jupe d'une fille.

 

2.

« Le moine errant, c'est ce qu'on a fait de mieux jusqu'ici. »

(Cioran, « De l'inconvénient d'être né »)

 

Le baguenaudant pensif le

moine à paradoxes l'gonze

errant le long du temps &

c'est loin dis le long de

ce qu'on appelle le temps

qu'on n'en a jamais assez

a fait son temps oui il a

fait son temps l'bonhomme

de tout c'qu'il a fait de

mieux de mieux et de pire

pis quoi? Le reste? Qu'os

 

3.

« comme une poire oubliée par l'automne au bout de sa branche dénudée. »

(San-Antonio, « Baise-ball à la Baule », Fleuve Noir n°102, p.169)

 

comme la lune quand elle sourit

une lune qui sourit que je suis

poire alors d'écrire ces choses

oubliée ma verve & mon virtuose

 

par quel trou dans m'tête & par

l'automne s'est-il carapaté fui

au grand soufflement du vent au

bout du chemin Chemin j'y colle

 

de l'ombre au chemin pour faire

sa mystérieuse au chemin pis la

branche j'lui flanque la pendue

dénudée tiens ça f'ra gothique.

 

4.

« Si épaisse que soit la nuit qui l'enveloppe, au-dehors et au-dedans, il se juge avec sévérité »

(Georges Bernanos, « Sous le soleil de Satan »)

 

Si opaque qu'on n'y voit que couic

épaisse d'la mélasse & brouillasse

que serpente un fog mystérieux car

soit il est l'heure de la dernière

 

la camarde s'pourrait bien qu'elle

l'a mangé trop d'cassoulet pis l'a

cauchemardé pis s'réveille dans la

Nuit bah ce n'est que la nuit mais

 

au-dehors des ténèbres et spirales

& sable noir vous fuyant des mains

au-dedans les ténèbres et vertiges

il se perd dans ses regrets et œil

 

l'aurait pas dû il aime trop ça le

cassoulet ça lui fait penser à son

ventre à l'autre là fut amoureux y

a des lunes la nuit les a noyées i

 

s'regarde il a éclairé la pièce et

s'regarde dans le miroir pas dû et

pis sourit il se voit un juge tout

noir agité accusateur très vipérin

 

avec son doigt pointé vers lui une

sévérité d'nuit blanche d'insomnie

 

5.

HAUTS DE FRANCE

 

Dans mon pays, le renard déguisé à qui l'on prête des pouvoirs est économe de ses mots. Personne n'en dit mot mais tout se sait.

 

Dans mon pays, chacun a sa bête à songes et ne laisse passer que les énigmes. Les vaches et les sots sont bien gardés.

 

Dans mon pays, on ne salue pas toujours. Seules des têtes nues vous regardent. Elles sourient sans dents et ont bien enterré leurs morts.

 

Dans mon pays, le vent agite les bouffons et les bribes de leurs discours vont se prendre aux toiles d'araignée.

 

Dans mon pays, le stratège des points cardinaux n'a plus que des âmes mortes à commander et une église vide pour état-major.

 

Dans mon pays, on a chassé le maquignon qui troublait l'âme du marcheur et seules de petites vernies montent encore.

 

Dans mon pays, on regarde s'étendre le poulpe aux mille yeux jaunes. On ne se fait pas un sang d'encre pour cela. On garde ses fous.

 

Dans mon pays, on ne parle plus la langue d'avant. D'ailleurs ce n'est pas mon pays, et si vous me comprenez, ce n'est pas le vôtre non plus.

 

Patrice Houzeau

Hondeghem, le 22 avril 2017.

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