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BLOG LITTERAIRE
28 novembre 2012

NOTES SUR THE WINDHOVER DE HOPKINS

NOTES SUR THE WINDHOVER DE HOPKINS
(Les éléments ici cités de la traduction de Pierre Leyris figurent entre guillemets. Pour l'exactitude de ces citations, on se réferera à l'édition de poche "Gerard Manley Hopkins, Poèmes et proses, traduit et présenté de l'anglais par Pierre Leyris", Points, Seuil, P1791).

1.
Ce qu'il y a d'épatant, dans Hopkins, c'est qu'c'est musique, ces séquences rythmiques : "I caught this morning morning's minion, kingdom of daylight's dauphin". La répétition du "morning", et l'assonance minion ("mignon") / kingdom ("royaume"), ça flûte... après, en français ça vous fait aussi jeu de mots entre "le dauphin" (le successeur du Roi de France) et "le royaume du jour", d'autant que le dauphin du matin est ici un "faucon", lequel est "dapple-dawn-drawn".

2.
Ce qui marque le faucon, c'est qu'il est ascendant, bondissant là-haut vers on ne sait quelle extase, manière de doter la bête d'une transcendance, et d'en faire ainsi le blason de la pure ascension. Je me suis parfois demandé si les expériences extatiques n'étaient pas plutôt des expériences de régression à une sorte d'état de sidération, de fascination pour l'être-là.

3.
Il y a le mot "swing" dedans. Moi, je suis poutre en angliche tongue et très nul gong en histoire de la poésie anglo-saxonne. Du coup, que le faucon puisse swinguer dans son envol comme un big band lancé à l'assaut de l'enthousiasme rythmique, m'amuse ; m'amuse aussi, ce "then off, off forth on swing" traduit par Pierre Leyris en un "et puis hardi, hardi, en plein ballant" fort réjouissant. Gerard Manley Hopkins est un poète euphorisant : quelqu'un qui a écrit (cf le poème "Pied beauty") :
"Glory be to God for dappled things,
For skies of couple-colour as a brinded cow"
("Gloire à Dieu pour les choses bariolées,
Pour les cieux de tons jumelés comme les vaches tavelées")
est un euphorisant, un ironique d'une haute tonicité.

4.
Heureusement qu'il y a la littérature, sinon je serais un bien pauvre type. C'est à ça que je pense en lisant ce vers :
"Brute beauty and valour and act, oh, air, pride, plume, here
Buckle !"
Vous voyez ça, saisissez ! la "beauté pure" de l'être de valeur, de l'être noble, plein de "panache" et "superbe", je peux entrevoir ça que dans la littérature. Ou quand je suis amoureux, mais ça c'est plutôt handicapant. Tandis que la littérature me donne vraiment l'impression du "parfaire  et seigneurie" ("the mastery of the thing").

5.
Après, rêverie : ces "braises bleu-blême", ces "blue-bleak embers", ce sont les braises de la nuit, le nid d'où s'envole le phénix des songes, celui qui fait dire à l'enthousiaste rythmique que ce faucon qui plane là-haut, et "dont l'élan et le plané rebuffent le vent bouffant", est un "chevalier" à la Table Ronde du ciel, baron du royaume de ce jour.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 28 novembre 2012

 

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