BETONNEMENT

BETONNEMENT
En lisant le poème Bétonné, de Henri Michaux, ("Mes Propriétés", in l'édition de poche La nuit remue, La Bibliothèque Gallimard n°90, p.153. Les citations sont entre guillemets.)

1.
suffire d'un rien : c'est déjà quelque chose. Du reste, le réel est un conglomérat de riens dont chacun tente plus moins de se suffire.

2.
"poison" : quand il se trouve dans le sang comme un dans l'eau, rien ne va plus.

3.
"devenir dur comme du béton" : c'est à se casser la tête contre soi.

4.
"asphyxie" : même pour un qui manque pas d'air, qui prend facilement de grands airs, l'asphyxie, fatalement, l'asphyxie étouffe dans l'oeuf du néant.

5.
"marteaux" : ce dont le monde est plein, ça fait dissonant piano cacophone, et plein de  cadavres.

6.
Un cadavre dans le piano serait un bon titre de roman policier. C'est dans Les Barbouzes, la comédie de Georges Lautner, avec Mireille Darc et Lino Ventura, qu'il y a une scène où Francis Blanche, dans un rôle d'espion soviétique, veut séduire par de la romantique musique à pâmer, lorsque ça bugue bugue bugue sur le clavier, c'est que voyez, il y a un cadavre dans le piano.

7.
"gagner du temps", et cependant, à ce jeu, on finit toujours par perdre.

8.
"des galets venus sous la peau" : ce qui peut se concevoir si on a la peau qui écume et la chair poisson.

9.
"dans un trop grand pour parler" ; ce qui signifie que si c'est trop petit, nous devenons terriblement bavards. Le monde est de plus en plus petit en raison des prouesses technologique que sans cesse perfectionnent les humains afin de céder à leur besoin irrépressible de communiquer, bavarder, pérorer, bavasser, et casser du sucre sur le dos de l'infini.

10.
"silence opaque" : avec un chat dedans, - muet le chat, surpris d'être à la fois si mort et si vivant.

11.
"raconter" : légender le réel afin qu'il passe de l'état d'infini infernal chaotique à l'état d'épatante légende.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 décembre 2012