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BLOG LITTERAIRE
17 décembre 2012

NO HOPE

NO HOPE
Notes de lecture : la nouvelle "Hope" de Laura Hird, traduit de l'anglais par Alain Defossé, in "Nouvelles d'Ecosse", de Laura Hird, 13E Note éditions, 2012.

Il y a d'abord un narrateur dont les "signes vitaux sont normaux", mais on a "a les boules" à le constater (vous remarquerez qu'il s'agit d'une écriture contemporaine, rapport à l'emploi de l'expression "avoir les boules"). Cette contemporanéité est confirmée ensuite par le fait que le narrateur "s'envoie d'un trait un demi-verre de rouge et se roule un pétard", ce qui n'est pas bien. D'ailleurs, j'ai bien envie de censurer le fait que le narrateur se "roule un pétard", car, franchement, s'il y a une chose qui me tape sur le système, c'est qu'il y ait tant de mômes qui s'en vont risquer des soucis avec la justice pour cette bêtise. J'ai l'impression que c'est juste une question de posture. Fumer, ça doit faire partie de la panoplie du gars ou de la fille cool. Ce qui est juste bouse de vache. Après il rend un "fanzine" à quelqu'un (le narrateur, pas le gars qui fume, mais ceci dit le narrateur fume aussi), ce qui suppose qu'il sait lire. Il est aussi fait mention du fait que "tant d'éminents scientifiques" sont "abonnés à Penthouse." Ce qui est possible, mais pas certain. Du reste, on s'en fout. Puis quelqu'un conseille de se dégager "du trou à rats dans lequel" il persiste à persister dans l'être. Il s'agit très certainement du narrateur. Ce qui n'est pas étonnant si l'on considère que lorsque l'on fout les boules aux gens quand ils constatent que vos "signes vitaux sont normaux", et que l'on vit dans un "trou à rats", c'est donc qu'on est peut-être bien un rat. Un rat qui lit des fanzines. Ou occasionnellement des fanzines. Il y a aussi une exclamation comme quoi il y en a qui s'imaginent qu'il ne sort jamais. Remarquez que, si vous vivez dans un trou à rats, soit vous êtes tout le temps dehors, soit vous vous terrez dedans. Le narrateur se met alors à "écluser verre sur verre", et à reluquer les filles. On peut se demander comment il va finir la nouvelle. Encore un qui ne va pas tarder à nous raconter sa vie ! Du reste, il se rend compte qu'elle - parce qu'entretemps, il s'est mis à blablater avec une gonzesse - va finir par penser qu'elle ne sait pas de quoi il parle. Forcément, un rat bourré comme un humain ! Alors, il plonge dans ses pensées et livre au lecteur ce message essentiel selon lequel "les gens sont tellement cons" cause qu'ils "font d'office confiance à la première personne qui s'intéresse un peu à eux. C'est la solitude, j'imagine" qu'il soliloque le platon. Faut dire qu'il faut drôlement se sentir seul pour faire la conversation à un rat. Et c'est sur ces considérations philiosophiques que se termine la première partie.

Dès le début de la deuxième partie, on apprend que le lecteur "travaille", rapport à ce qu'après le travail, il prend "deux-trois verres rapides à New Town". C'est donc un travailleur alcoolique. Il est question ensuite "d'ustensiles en inox", c'est le genre de détail que j'ai peu l'occasion de mentionner. J'en profite ici. Il est question aussi "d'une chambre immense", ce qui indique que les usagers de ladite chambre ont de la place pour dormir. Ce qui s'oppose au "trou à rats" de tout à l'heure. Je suppose donc que le narrateur est en visite. Il y a un personnage qui s'appelle Hope (ce qui veut dire "espoir, espérance" quand on le traduit de la langue de là-bas dans la langue d'ici). Il y a des considérations sur "quoi que vous disiez, je peux faire encore plus crade", ce qui est le lot commun de toute la modernité, qu'on vit dans le crade, la promiscuité des haleines, des corps mal lavés, des expressions vulgaires, des coucheries, des soirées entre amis, de la convivialité, empathie et toutes ces conneries. Où l'on voit que le scribe de ces notes est quelque peu misanthrope. Ce qu'il ne démentira pas. Après, y en a un qui dit que "la télévision est le véritable opium du peuple." Ce dont je ne me serais pas douté. "Puis, on passe aux trucs qu'on déteste" qu'il nous informe le narrateur. On s'attend donc à ce qu'ils se mettent à écouter un récital de cornemuse, ou qu'ils se décident à lire un bouquin de sociologie, ou encore qu'ils se laissent tenter par les rudiments du chinois pour tous. Pour finir cette deuxième partie, le narrateur nous confie qu'il va peut-être s'installer chez je suppose Hope.

Troisième partie : Le narrateur nous dit d'abord qu'il n'a rien foutu de sa journée. Décidément très sympathique, ce lascar. Il y a par la suite une comparaison que j'apprécie, je cite : "Sa peau me rappelle une saucisse de boeuf crue." Ce qui, à moi, me rappelle des collègues. La troisième partie finit par la fermeture de la bouquinerie où il arnaque le client je vous dis pas comment  vous n'avez qu'à lire le bouquin. On apprend enfin que le narrateur serait peut-être gay. Là, je l'avoue, j'ai comme un découragement.

Quatrième partie : Deux pages seulement youpie. Le narrateur "fredonne sur un CD de Kurt Weil". J'aime bien Kurt Weil. J'en écoute jamais. Mais j'aime bien. page suivante, il y a un octosyllabe : "je me fends d'un rire forcé". Ce qui tombe bien, moi aussi.

La cinquième partie débute par cette remarque que plus on vieillit, plus ça passe vite. De ça non plus je ne m'en serais pas douté, dites donc. Page 39 du recueil, le narrateur évoque une proie à traquer, "sa" proie à traquer. Prend une drôle d'allure, c't'affaire... On picole du Smirnof Coca light (boisson de sauvage), on va chercher des clopes au distributeur (çui-là qu'a bouffé le cafetier), et on tourne la page pour en arriver au

chapitre 6 : Quelqu'un ronfle. On est donc dans une chambre à coucher. le ronflant, une fois réveillé, il "enfile une tenue ridicule". Ce qui, dans notre modernité abreuvée de vulgarités mercantiles, n'est pas rare. Le narrateur jette un oeil sur un journal intime. Ce qui nous tient en haleine jusqu'à la page suivante et la

partie 7 : Où l'on apprend que, dans une nouvelle maison, on commence à se sentir chez soi à partir du moment où les "nouvelles chiottes" sont "baptisées". Ah ! Littérature contemporaine, quand tu nous tiens ! Du reste, le narrateur, qui, semble-t-il a quitté son statut de "rat" pour un statut de "gay potentiel", parcourt le "Guide Miller des antiquités". Je suppose qu'il se cherche lui-même. Je note cette intéressante remarque : "Pourtant, qui suis-je pour jeter les acariens à la rue ?" Ce qui, effectivement, interroge.

Huitième partie (j'en ai marre) : Pour évoquer une de ces soirées conviviales dont les classes moyennes ont le secret, le narrateur emploie le verbe "butiner", je cite : "Quelques membres de la bande de Shirley butinent d'un groupe à l'autre". Bien vu. J'ai toujours pensé que ça faisait essaim, ces filles et garçons qui disent des bêtises, un verre à la main, pendant que ce temps-là, les Chinois travaillent. On se demande ensuite ce que le narrateur pense d'Edimbourg, ville où je n'irai jamais, et qui ne m'intéresse absolument pas, comme ne m'intéressent pas non plus Paris, Londres, Berlin, Avion, Nantes, Nancy, Nankin, partout le même pékin. Le narrateur repart à pied, ce qui les lui fait.

Neuvième partie (ça devient bon) : Le narrateur se dit "absent au monde", il n'en continue pas moins de nous raconter sa palpitante existence de tube digestif moderne et libéré, ce qui ne l'empêche pas de "rougir" d'ailleurs. Oh ! comme c'est charmant ! Il rougit d'autant plus qu'il se retrouve avec du jus de tomate, de la vodka et de la sauce Worcester qui lui "ruissellent sur la gueule" (un Bloody Mary donc). Ce qui tend à prouver qu'il n'a pas toujours une pleine maîtrise de ses gestes. Puis il sort, pour rentrer dans la

dixième partie : Le narrateur "sursaute" (est-il émotif ?), puis il est effaré. Nous aussi.

11ème : Il mange "des trucs mexicains fabuleux". Je me souviens d'avoir mangé un camembert frit. Je ne sais plus si c'est bon ou pas. C'est le genre de chose qu'on fait quand on est jeune. Après, on va plus au restau. C'est quand même de l'arnaque, le restau ; pour la plupart, c'est surtout surgelés and co... "cuisine-minute" comme ils disent. Après le repas, le narrateur se retrouve à "masser les orteils et la plante des pieds" de sa chérie (est-ce Hope, d'ailleurs ? Je suppose que oui). Ce genre de truc est salutaire à signaler : il rassure les célibataires sur leur condition. Il a les "paupières" qui "tressaillent", le narrateur. Il doit être d'ailleurs.

12 : Qui commence par "un visage sublimement défait" (faut le prendre en photo alors) et finit par "des roses blanches". On nage en pleine chanson française des années qu'on voudrait pas vivre.

13 : Le narrateur avoue qu'il lui est arrivé de "démolir des objets". Ma compagne fait ça aussi des fois. Il y a un client qui vient avec "des ouvrages d'art extrêmement rares et en parfait état". Moi, des fois, il me vient l'envie de brûler des livres, voyez comme c'est curieux. Le narrateur évoque ensuite "de possibles vacances". Décidément, ce type est obscène. Page suivante, il "bouillonne intérieurement." pas content qu'il est. D'ailleurs, il a envie de fracasser du crâne sur le comptoir. Vraiment pas content.

14 : Il y a une nouvelle fille dans l'histoire. Un gamin peut-être bien hyperactif aussi. Il est question d'une indiscrétion "quant à l'endroit où elle planque son argent." Ils causent tourisme. Evoquent un voyage en France. Oui, réellement, ils sont ailleurs. Ceci dit, le narrateur a quand même cette lucidité : "Les touristes dépensent du fric pour n'importe quoi."

15 : Nuit. Feu de poubelle dans la rue. Mauvaise nuit donc pour le narrateur réveillé. Bien fait qu'on pense parce qu'on est rien que des vilains.

16 : Le narrateur apprend que son patron est très malade, "hospitalisé depuis trois jours". C'est-y pas que ça sentirait le sapin ? Après, le narrateur reçoit un coup de fil d'un certain Raymond, qui semble bien amouraché. Puis, il s'occupe du registre de la librairie. Puis il file je ne sais où mettre des bouquins dans des sacs de voyage. Puis il est "à moitié endormi sur le divan, épuisé de s'être torturé à ce point". On se doute, page 80, que le narrateur a macchiavellé d'abondance, que ça se passerait peut-être bien le lendemain à la gare, qu'on se demande quoi si l'on n'a pas autre chose à se demander.

17 (enfin !) : Le narrateur cauchemarde en "rendant les comptes au moins à moitié crédibles" (c'est un bricoleux, comme on l'aura compris, un profiteur, un margoulin, un type pas bien, un quidam de notre époque quoi). Après, il va chercher je sais pas quoi (zavez qu'à lire le bouquin, je vous l'ai déjà dit), puis il monte dans un train. Puis, il y a un message écrit dans la langue à nous autres - "Vous l'avez voulu", qu'en français littéraire, on aurait écrit "Vous l'aurez voulu", qu'on voit bien que c'est un étranger qui l'a écrit ce truc. Puis y a des morts.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 17 décembre 2012

 

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