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BLOG LITTERAIRE
2 janvier 2013

LONG TIF ET PETIT TONDU

LONG TIF ET PETIT TONDU
Fantaisie expressive en lisant les seize premiers vers du poème I des Feuilles d'automne, de Victor Hugo. Les citations et les expressions tirées du texte de Hugo figurent ici entre guillemets.

"Alors dans Besançon, vieille ville espagnole,
Jeté comme la graine au gré de l'air qui vole,
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix"
(Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, I)

1.
"Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte,
"Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte"

Il faut bien s'imaginer ça, le "petit tondu" perçant ses galeries à la Macchiavel sous l'efflanqué Bonaparte, celui qui avait des longs cheveux et un regard d'aigle à faire tomber les bécasses (et pas que : Joséphine, non, c'était pas franchement une bécasse), et pas que, y en a quand même un paquet de murs qui se sont écroulés, au passage de l'Aigle et de sa Grande Armée.

2.
Bonaparte n'était pas plus grand que Napoléon, n'empêche qu'il fut long tif avant d'être petit tondu.

3.
"avoir un front à briser les masques" : c'est donc être au-delà des apparences.

4.
"être jeté comme la graine au gré de l'air qui vole" : nous sommes prédéterminés par des décisions qui furent prises il y a si longtemps que parfois personne ne sait pourquoi on est là et pas ailleurs. Après on s'enracine, c'est-à-dire que c'est ici qu'on se sent le moins étranger.

5.
"naître d'un sang breton et lorrain à la fois" : être d'est et d'ouest, de la terre et de la mer, du corbeau et de la mouette, sans compter que l'on est toujours de quelque part et d'autre part (du réel géographique et de ses lieux imaginaires).

6.
"Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix" : ce qui définirait assez un fantôme qui vous regarderait par la fenêtre, cependant que vous êtes plongé dans la lecture du Malpertuis de Jean Ray et que, soudain, vous levez la tête et que vous voilà, le poil se dressant sur la tête (depuis déjà plusieurs années vous n'avez plus qu'un poil sur le caillou), fasciné par cette étrange apparition.

7.
"être ainsi qu'une chimère" : c'est tout nous ça, chiméreux, chimériques, chimérants.

8.
"être abandonné de tous, excepté de sa mère" : encore que certains leur mère aussi les a bannis, foutus dehors, envoyés balader sur des routes qui mènent tout droit dans le des fois pas joli, moche, glauque, sordide.

9.
"avoir le cou ployé comme un frêle roseau" : fragilité de la nuque. Je me souviens de sa nuque, si frêle sur laquelle passait le charme d'une natte.

10.
"faire en même temps sa bière et son berceau" : de toute façon, dès qu'on naît, on est à la fois de la bière et du berceau.

11.
"Cet enfant que la vie effaçait de son livre" : le livre de la vie... ça sent sa prédestination à plein nez. Tout est écrit / Rien n'est écrit. On peut revoir Lawrence d'Arabie. Il y a dans ce film de quoi cogiter sur la notion de destin.

12.
"dire peut-être quelque jour" : parler de la pluie et du beau temps qu'il fit jadis, qu'il fait ou qu'il fera tantôt. Quant à dire quelque nuit, c'est une autre paire de ténèbres.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 2 janvier 2013

 

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