Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
BLOG LITTERAIRE
4 janvier 2013

PÂLEUR SAVANTE

PÂLEUR SAVANTE

1.
Si le feu consume le bois jusqu'à l'os, c'est que, dans l'arbre, il y avait quelqu'un.

2.
La pâleur savante des visages gothiques souligne que le sang a coulé.

3.
Dans le film La Belle endormie, de Catherine Breillat (France, 2011), "Qu'est-ce que vous faites ici en robe d'autrefois ?" C'est que l'autrefois est d'une étoffe précieuse, rare et subtile comme la beauté.

4.
La beauté ignore parfois à quel point elle est subtile. Cette ignorance fait sa cruauté.

5.
La femme shaman dans La Belle endormie : "Je ne fais que ce qui me paraît juste et ce que je peux faire." C'est là le credo de la plupart des gens. Et pourtant.

6.
Dans la vie réelle, ce n'est pas d'un prince charmant dont les jeunes femmes tombent amoureuses, c'est d'un contrat d'assurances. Sinon, c'est qu'elles sont encore des jeunes filles.

7.
"... et puis les étudiants [en médecine] font des blagues ; ils ne sont pas très respectueux des corps. C'est normal, ça les aide à surmonter l'angoisse..." (une jeune femme dans le film "Faut que ça danse!" (Noémie Lvovsky, France, 2007) : d'ailleurs, il n'y a pas que les étudiants qui font des blagues avec les corps ; toute la société fait des blagues avec les corps. Le corps est un sujet de blague obscène, de farce macabre. Et ce sont les médecins qui ont la charge de réparer les dégats causés.

8.
"Il y a beaucoup de choses que l'on croit impossibles, et qui arrivent pourtant." (une autre jeune femme dans le film "Faut que ça danse!") : d'une certaine manière, chaque personne est une succession d'impossibles qui arrivent pourtant.

9.
Une partie de l'échec de l'Education nationale tient à ce qu'elle est basée non sur l'égalité des chances mais sur la puissance du "désir mimétique" (expression de René Girard) : ce qui fonctionnait assez bien pendant les Trente Glorieuses (quoique, dans bien des cas, l'école n'était alors guère plus qu'une formalité, qu'un passage obligé et relativement court, le marché avalant les cohortes), fonctionne avec de grandes difficultés en période de crise économique. La satisfaction du désir mimétique induisant une certaine réussite sociale, l'Education nationale se retrouve court-circuitée par la nécessité, pour des familles de plus en plus fragilisées, de trouver une porte de sortie. Les élèves étant obligés, par la stagnation des marchés, de rester de plus en plus longtemps "entre les murs", la satisfaction du désir mimétique s'en trouve retardée, et même perturbée jusqu'à ce que ce désir se change en frustration plus ou moins perceptible. L'Etat fait ce qu'il peut pour maintenir à flot ce désir mimétique qui jusqu'ici garantissait l'ambition nécessaire à la pérennité des postes, mais les marchés courent plus vite que lui et, peu à peu, la crise s'aggravant, l'Ecole est perçue de plus en plus souvent comme une nécessité et comme une fatalité. Si l'on ajoute à cela la tendance lourde, défendue par bien des technocrates et certains syndicats, de voir dans le diplôme une sorte de "minimum social", l'on voit que l'Ecole est encore loin de sortir de l'ornière où elle cahote et raconte des histoires. 

10.
Je me parle beaucoup à moi-même, et ne suis pas toujours de mon avis.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 4 janvier 2013

 

Publicité
Publicité
Commentaires
BLOG LITTERAIRE
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité