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BLOG LITTERAIRE
13 mars 2013

MYSTERE ET ABSURDITE

MYSTERE ET ABSURDITE

1.
"Du temps que la Nature en sa verve puissante"
(Baudelaire, La Géante)

C'est qu'elle a d'la verve, la mère, la grand-mère, l'arrière grand-mère, l'arrière-arrière-grand-mère et même l'arrière-arrière-arrière-grand-mère de toute chose ; disons-le tout net, elle a le verbe haut, la parole colorée, la jactance incessante, le front têtu, la mamelle fière, et, en plus, elle a horreur du vide. Faut toujours l'occuper. C'est le boulot des humains.

2.
"Deviner si son coeur couve une sombre flamme"
(Baudelaire, La Géante)

Faut se méfier des sombres flammes que pourrait couver le coeur. Il pourrait prendre feu, le palpitant, façon phénix, puis il flamberait, comme ça - flouff!, et vous finiriez prématurément en cendres.

3.
"comme un rêve de pierre"
(Baudelaire, La Beauté)

Le genre de rêve que l'on fait quand on a le sommeil lourd, je suppose.

4.
"De purs miroirs qui font toutes choses plus belles"
(Baudelaire, La Beauté)

Ils ne sont pas "purs" alors, ces miroirs, mais menteurs.

5.
"Blessé par le mystère et par l'absurdité"
(Baudelaire, Les Sept Vieillards)

Ah bah, ce n'est que ça, mais mon pauvre monsieur, le "mystère" et "l'absurdité" ne sont jamais que le pain quotidien des humains. Faut pas s'en faire pour si peu. Vous finirez par passer de toute façon.

6.
"La puanteur était si forte, que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir."
(Baudelaire, Une Charogne)

J'apprécie le passé simple "crûtes", et j'imagine la glotte de la belle monter et descendre comme si elle allait gerber.

7.
"Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé."
(Baudelaire, De Profundis Clamavi)

Ecoutez la sourde lamentation qui part de la nasale "on", monte en "ou", arrive au "u" puis retombe dans le sombre comme un qui se serait hissé au bord du puits et qui, tout de même, retomberait.

8.
"Comme au long d'un cadavre un cadavre étendu"
(Baudelaire, Une nuit que j'étais...)

Morbide comme un polaroïd, une photo prise par le portable d'un salaud du quotidien, sauf que c'est pas un polaroïd, que c'est pas un travail de bâtard, mais un alexandrin, au rythme ternaire, et deux nasales (le "on" et le "an") pour encadrer la modulation du a ("a bref "/ "a long" du mot "cadavre") que j'ai l'impression que le grand Sacha Guitry, à moins que ce ne fût Louis Jouvet, va sortir de sa tombe, pour nous contempler d'un oeil sombre, et nous le déclamer, ce vers, afin, sans nul doute, de nous rappeler à quel point nous sommes si bas déjà.

9.
"Or il n'est pas d'horreur au monde qui surpasse
La froide cruauté de ce soleil de glace
Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos."
(Baudelaire, De Profundis Clamavi)

Eh oui, un jour, il sera mort, le soleil, tout vidé, sac dégonflé, ratatiné comme la couille d'un dieu mort ; alors le monde sera glacé, et les vents y souffleront ; ça fera comme les sifflements d'une sifflante, celle "de ce soleil de glace", de "l'immense nuit" et du "semblable au vieux Chaos", çui-là qu'était là avant que le verbe se fasse chair.

10.
"C'est un Ange qui tient dans ses doigts magnétiques"
(Baudelaire, La Mort des Pauvres)

Ah, c'est donc ça, quand on dit que le courant passe entre deux êtres, c'est l'Ange aux paluches magnétiques qui passe...

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 13 mars 2013

 

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