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BLOG LITTERAIRE
15 août 2013

LE TRAIN PASSE MAIS LA VACHE N'ABOIE PAS

LE TRAIN PASSE MAIS LA VACHE N'ABOIE PAS
Notes sur le poème Le livre des réclamations, de Henri Michaux.

Dans la première strophe, ce sont des gueules, ses phrases, des gueules ouvertes et qui clament, puis qui réclament.

Vous me demandez à qui il s'adresse. Pas à ma soeur, c'est sûr. Mais il se pourrait bien tout de même qu'il s'adresse, s'adressât, s'adressi à la grande invisibilité, ou au grand manipulateur de nous autres.

A la mère Nature.

Il ne compare pas le "vomissement" à un poisson qui vous ressortirait par la bouche. A une corne d'abondance plutôt. Mais que celle-ci vous ressorte par la bouche, il ne le dit pas.

Cette phrase, qui commence par "Mais le moment" et finit par "son lent chemin...", s'enfuit dans les sables de la page, disparaît, engloutie dans le blanc

Le présent de vérité générale, c'est le temps dans sa toile ; il nous tombe dessus comme l'araignée dégringole des fois du plafond pour venir nous mordre la plante des pieds.

Parfois, il me semble autour de nous, le temps, qu'il est superposé en voiles transparents, en rideaux tombants, translucides, en pans de murs liquides, en miroirs où nul ne se reflète, et d'où la main de la mort surgit soudain, et nous ôte de la vie.

Pour ce qui est de la nature de ses enfants, elle est bien curieuse... C'est qu'ils ont de la gueule, du sourire carnassier, de la meute, et du filant ; et puis il y en a, elles ont de longues jambes sautillantes ; et puis, ce ne sont pas les enfants du narrateur, ce sont ceux qu'il a eus de l'ailleurs.

En vertu du principe que dog eat dog, les dents se firent boulotter par d'autres dents. Quant à l'herbe, elle laissa longtemps sautiller les jambes.

La balle est faite pour tuer comme le désastre tracasse, fracasse, décarcasse, et fait qu'on passe de vie à trépas. C'est écrit dans les mots. Pas étonnant que cela arrive.

Ce qui est marrant, c'est tout de même quand le fauve aux yeux blanches et sourd comme un pot s'avance dans la jungle, et que les herbivores aux longs cils se fichent de sa fiole, tandis qu'il a l'air groumpf des êtres que la langue a gorgonglés depuis lurette, et qui cependant persistent, en dépit du gong, à circuler entre les ruines.

Les choses étant ce qu'elles sont, le train passe mais la vache n'aboie pas, tandis que les humains sont pleins de sade, et de méchant, et de mort déjà.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 15 août 2013.

 

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