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BLOG LITTERAIRE
22 août 2015

ZUT RÊVE ET POUR ETRE FRANC MOI AUSSI

ZUT RÊVE ET POUR ETRE FRANC MOI AUSSI

1.
L'été, je rêve de phrases impeccables tombant d'un théâtre d'entre les lourds feuillages.

2.
Et la compagnie aux yeux intenses des comédiennes aux lèvres rouges, qu'on les dirait glissées d'un songe.

3.
L'été lourd calme moite
Et puis la pluie vient s'y frétiller
L'orage fait gronder son dogue
Timbale se nomme
Il se peut qu'y crécelle quelque grêle.

4.
Neige des masques tombe des loups
La nuit en fait des visages pour les enfants
des visages lisses comme la vengeance
blancs comme la mort.

5.
Ne m'ôtez pas les mots de la bouche dit Zut, je n'ai plus qu'eux à vous cracher, plus qu'eux pour vos quatre vérités.

6.
Zut rêve de la fanfare à jurons, trompette blasphème, flûte persiflante, clairon moqueur, ô l'assassine dissonante, tambour rotant, ponctuée de grosses caisses.

7.
Des fois que la poésie ne serait pas un partage, mais un couteau à se couper d'un monde à laisser aux chiens.

8.
Zut rêve d'un théâtre de petits sphinx féroces qu'elle déverserait sur le monde avec tout son amour du mensonge.

9.
Zut rêve d'une langue dont les sons auraient l'éclat d'un couteau qu'on ne voit pas.

10.
Zut rêve de rues fiévreuses comme des filles
De serpents glissant le long des rideaux
D'un chœur moqueur de jeunes gens de latin
D'ombres appelant la maîtresse de ce monde.

11.
Et si le lait buvait la chatte ouille ! Ça ferait une drôle d'entorse à l'ordre habituel des mots. Cependant, c'est marrant, bien qu'assez cruel.

12.
Et si l'os rongeait le chien
Et si l'ombre distillait la nuit
Et si les heures pondaient la pendule
Et alors quoi ? Pas content, le réel ?

13.
Des fois qu'on secoue le réel, et qu'il se met à mousser, à répandre de l'énigme sur la nappe.

14.
- « Quel est ce mensonge ?
- Moi-même ! » répondit Zut, non sans fierté.

15.
J'aime ces chansons où les voix imitent l'ironie des spectres.

16.
Zut rêve de chansons où les chœurs imitent les voix de drolatiques suaires flottant dans les yeux effarés des visiteurs du corridor.

17.
« Moi, je sais où est le fantôme » qu'elle dit Zut, « après vous avoir bien épaté l'espace et dilaté la rate, i s'a planqué dans une chanson. »

18.
On le prend quand il est passé, en quatre lettres et une tasse, le café.

19.
On y met les doigts; les pianos ne les rendent pas toujours. C'est un secret bien gardé ; il ne faut pas effrayer les petits enfants.

20.
Electrons: en v'là du virevoltant ! Le réel y tisse ses palais, ses toiles dans le vide, et nous, tubes perspicaces, nous y agitons nos pattes.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 22 août 2015.

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