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BLOG LITTERAIRE
3 mai 2012

SOUS LES IRONIES DU SOLEIL MOI ARROGANT

SOUS LES IRONIES DU SOLEIL MOI ARROGANT

1.
"La bise se rue à travers
Les buissons tout noirs et tout verts,
Glaçant la neige éparpillée
Dans la campagne ensoleillée."
(Verlaine, Sagesse, livre III, pièce XI)

L'hiver, j'attrape de la bise, celle qui se rue, de la ruante quoi. J'aiguise mon couteau exprès pour, le couteau à biseau, et dedans l'intempérie, je me taille un habit de marquis quelque peu froid. Cela me donne un air glacial. Du coup, les ombres noires qui passent le long des murs et les femmes aux yeux verts trop sûrs d'eux mêmes s'écartent, quand je vais en ville où la neige s'éparpille sous les ironies du soleil.

2.
"Je ne sais pourquoi
  Mon esprit amer"
(Verlaine, Sagesse, livre III, pièce VII)

Je ne sais pourquoi mon esprit est si amer. C'est bien embêtant, car ceux qui d'habitude l'apprécient, sont obligés, s'ils veulent continuer à s'en régaler, de le sucrer, mon esprit. J'espère que cette amertume finira par s'échapper pour aller courir les moribonds et les ruinés, car j'ai bien peur, si ça continue, de finir bonhomme guimauve ou petit père pain d'épices.

3.
"Parfois je sens, mourant des temps où nous vivons
Mon immense douleur s'enivrer d'espérance."
(Verlaine, Amour, Saint Graal)

Se peut-il que nous mourions des temps qu'on vit ? Ainsi, j'ai entendu à la radio qu'à cause de la crise et de la dégradation de nos économies nationales, le nombre de suicides en Europe ne cessait d'augmenter. C'est bien triste et moins baroque que si nous mourions de la mort de Saint Louis, ou de celle du loup d'Alfred de Vigny, ou de la mort de Mozart, ou de celle de Madame Bovary, ou encore du trépas de Charles le Téméraire, sans parler de l'impossibilité d'être de Fontenelle. Ce qui serait inédit, et d'ailleurs impossible, puisque nous ne sommes pas Fontenelle, pas Charles le Téméraire, pas Madame Bovary, pas Mozart, non plus le loup, ni Alfred de Vigny, et pas plus que Saint Louis. Ce qui devrait nous rassurer au lieu que nous nous inquiétons de ce que nous ne sommes pas encore.

4.
"Depuis, la Vérité m'a mis le monde à nu"
(Verlaine, Amour, A Victor Hugo)

Il arrive que la Vérité, celle qui a les bras levés et qui s'écrie : "Mon Dieu Seigneur, c'est-y possible ?" me mette le monde à nu. Eh bien, c'est pas beau.

5.
"Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
  Le Malheur a percé mon vieux coeur de sa lance."
(Verlaine, Sagesse, livre I, pièce I)

Souvent, pour m'amuser, je vais dans la campagne, et de ma fronde taillée dans quelque bois costaud, j'abats deux ou trois bons chevaliers masqués qui chevauchent en silence, et j'leur pique leur lance, c'est décoratif.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 3 mai 2012

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