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BLOG LITTERAIRE
7 avril 2013

LAISSER INFUSER LE TEMPS

LAISSER INFUSER LE TEMPS
En feuilletant le très beau "Balades en jazz", d'Alain Gerber (folio senso, folio n°4504, inédit, 2007).

1.
"l'ironie de l'histoire" : que l'Histoire soit ironique n'est pas si étonnant, quand on songe à tout ce qu'elle sait et qu'elle ne dit pas.

2.
L'Histoire ? - Un tombeau ouvert.

3.
"avoir remisé son attirail" (p.41) : peut se dire de quelqu'un qui vient de se rhabiller. Bérurier renfilant son falzar.

4.
"où c'est le diable qui vient" (p.84) : il y a des lieux si désolés, si délaissés, qu'il n'y a que le diable sans doute pour y aller. Ce qui répond au fameux "envoyer quelqu'un au diable". Je remarque qu'il y a toujours un lieu d'être pour le diable, un terrain vague, une zone, une impasse glauque, une friche sordide, un lieu-dit à couteaux, un quelque part en réponse à la cathédrale.

5.
"raconter le temps qui passe" (p.45) : quand on ne sait trop quoi dire sur la musique, ou sur un film, ou un poème, on dit que ça raconte le temps qui passe. Nous faisons ainsi de la musique, de certains films, de la poésie, des sortes de vagues machines à débiter de l'ontologique, cette sorte de flou que j'imagine assez flottant dans les cerveaux des ruminants pour lesquels sans doute le trafic ferroviaire n'a pas d'autre but que de le raconter, ce temps qu'ils passent à regarder passer les trains.

6.
"les églises patibulaires" (p.84) : étonnante expression qui mêle le sordide au sacré, comme si l'on y risquait de s'y faire braquer par tous les saints, ou par le prêtre lui-même, racketteur de Dieu, collecteur de hontes, receleur de secrets, refourgueur de rituels.

7.
"laisser infuser le temps" (p.94) : belle expression pour dire cette manière que l'on a parfois de ne pas se presser, de laisser le monde courir et le mouton pisser.

8.
"porcelaine, parfois, dans un magasin d'éléphants" (p.112) : cette inversion du connu "être comme un éléphant dans un magasin de porcelaines" me semble digne de son sujet - le jazz (et en l'occurence John Lewis). Le jazz est une inversion du discours selon lequel toute oeuvre sérieuse doit être méticulée, orfévrée, préméditée, écrite jusqu'au dernier soupir. Le jazz voltige, tourne et détourne. Alain Gerber fait de même. Il a raison.

9.
"laisser moisir la poudre aux chimères" (p.38) : renoncer à ses rêves, à ses illusions, à la came peut-être aussi.

10.
Sur Internet, les filles se dévoilent comme si elles étaient des vérités.

Patrice Houzeau
Hondeghem, le 7 avril 2013

 

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